L’enfer du virtuel – Entretien avec Adrien Sajous, auteur de Sociologie du gamer
26 novembre 2016 03:30, par rahanL’analyse est très intéressante, mais je ne suis pas tout à fait d’accord sur ce qu’il dit concernant ce monstre mort-vivant qu’est le zombi.
Selon Sajous, il s’agit d’une métaphore du consommateur (c’était déjà une idée avancée dans les films de Romero et dans le mythe haïtien du zombi (pas un mort anthropophage, mais rien d’autre qu’un esclave...ce qu’est le consommateur)).
Pour ma part je dirai que la sur-représentation dans la culture actuelle du zombi se rapporte à une autre idée très contemporaine : la peur de la mort.
Les zombis sont monstrueux dans leur aspect (ce sont des corps putréfiés...ce que nous finirons tous par devenir un jour), ils font peur parce qu’ils dévorent les vivants, c’est leur seule fonction (ils exposent la peur ancestrale du cannibalisme, de l’homme qui serait un loup pour l’homme) mais plus encore, les zombis sont nombreux, inarrêtables et surtout très lents.
Pour moi la symbolique du zombi souligne la peur de la mort inéluctable : on peut les éviter ou les combattre, mais tôt ou tard, ils finissent par vous submerger et vous dévorer...comme la mort.
En fait de symbolique du consommateur, je pense que le zombi est surtout une représentation de la mort dans tout ce qu’elle peut avoir de plus négatif et de plus cauchemardesque.
Dans la plupart des sociétés : la mort est représentée autant comme une chose tragique (on perd des êtres chers) mais aussi nécessaire et parfois même rédemptrice voir glorieuse (le principe de sacrifice de soit...pas tant de sa vie que de son individualisme au service du plus grand nombre. Quand on investit du temps pour les autres, c’est autant de temps que l’on aura pas à vivre pour soit-même).
Les dirigeants de Facebook & de Google veulent investir dans des technologies qui élimineraient la mort comme on veut éliminer telle ou telle maladie bénigne. Je pense que par la peur du mort-vivant, le marché essaie de faire croire aux gens que la mort est une ennemie et non-plus une chose faisant partie de la vie et qu’il faudra affronter tôt ou tard. Juste un obstacle de plus pour les lois du marché.
Dans les années 1970, au temps du cinéma dit contestataire, dans les films de mort-vivant, la fin était très souvent pessimiste : les survivants s’entretuent et ceux qui s’en sortent se retrouvent seuls et condamnés à brève échéance.
Aujourd’hui où la contestation a été récupérée : les survivants arrivent à tuer les morts (la mort) et ont droit à des happy-ending, comme le voudrait Google inc.