L’Heure la plus sombre n°61 – Émission du 9 janvier 2017
12 janvier 2017 12:57, par FlashRebelEtant moi-même anciennement accro aux jeux vidéo, je suis en mesure de dire que cet article cible bien le problème : ça ne vient pas du jeu vidéo en lui-même mais surtout de notre société actuelle.
Je suis personnellement devenu accro à un MMORPG pendant ma première année de classe prépa, il y a de cela plusieurs années. Pendant toute mon enfance, les jeux vidéo m’attiraient mais jamais au point d’avoir une place privilégiée dans ma vie, c’était un loisir comme un autre et mes parties duraient rarement plus d’une heure. Puis pendant mon année de classe prépa tout a changé : un rythme d’études écrasant, une pression énorme et des camarades de classe avec qui je n’avais strictement rien à partager et dont la seule façon de s’amuser était la biture. Dès qu’il s’agissait d’autre chose que de maths et de sciences théoriques pures, c’était un véritable néant culturel. Cette année, j’ai découvert mon premier MMORPG, et mes parties pouvaient durer des heures chaque soir et des week-ends entiers.
Après avoir entendu pendant toute ma scolarité que je serais condamné à une vie de misère sans un diplôme d’ingénieur et que seule la perfection me donnerait une chance, j’étais persuadé que ma vie était définitivement ratée après quelques mauvais résultats et même l’ambiance à la maison devenait de plus en plus glaciale. Je me sentais immédiatement mieux dès que j’étais devant mon écran.
Je m’en suis sorti à la fin de ma première année de prépa après avoir subi une grosse désillusion : ce MMORPG n’avait plus rien d’amusant assez rapidement, tout le monde me mettait autant la pression qu’à la prépa pour progresser aussi vite que ceux qui n’avaient littéralement aucune autre activité, et ce monde virtuel était encore plus élitiste que le monde réel, et en faveur de ceux qui ne faisaient rien d’autre de leur vie que ça ou qui achetaient de la puissance avec leur argent réel.
Même si aujourd’hui, après avoir enfin réussi à faire quelque chose de ma vie, je n’ai pas totalement abandonné le jeu vidéo et n’en dirais pas de mal de manière généralisée, je me dois de constater ses effets pervers. Dans une société toujours plus exigeante envers ses citoyens et toujours moins stimulante intellectuellement, le virtuel finit par prendre le pas sur la vraie socialisation. Les réseaux sociaux ont malgré eux accéléré cette dégringolade progressive, quand les concours à qui aura le plus d’amis ont commencé. Mais plus les amis sont nombreux, moins amis ils sont.