Au menu de la Berlinale 2017 : femmes, transgenres et réfugiés
19 février 2017 10:06, par Rémi O. LobryBerlin et moi (version 2017)
Elle a vécue trois ans et demi à Berlin sans y avoir appris un seul mot d’allemand. Quand je lui parle de Check Point Charlie elle me regarde avec des yeux de poisson.
Elle a passé toute une longue nuit d’hiver, ça fait dix heures, à m’expliquer qu’elle n’était pas lesbienne mais gouine. Elle approche la quarantaine à présent et a passé toute sa vie à militer pour le droit de se teindre les cheveux en bleu pour jouer au docteur avec ses copines. Comme si qui conque l’en avait empêchée. Je lui ai fait comprendre à demi-mots que sa différence ne lui conferrait aucun talent que, mise à part un permis de conduire, son CV est vide, qu’elle vit dans un milieu où on aime bien la chair fraîche et qu’elle va bientôt se retrouver éjectée aux minimum sociaux comme une conne par son petit groupe because l’implacable centrifugeuse de la vieillesse.
Alors je lui ai conseillé d’apprendre à faire un truc, n’importe quoi, de passer un brevet de pilote d’avion de tourisme pour vendre des baptêmes de l’air aux gosses, d’apprendre le Java et le HTML pour faire des sites Internet personnalisés aux bobos friqués et narcissiques. To no avail. Le plus triste c’est que ma petite gouine n’est même pas vraiment homosexuelle, c’est juste qu’elle était encore très jeune lorsque le nuage de Tchernobyl est passé au-dessus de Grenoble où elle est née. Elle a zéro libido. Qu’elle se la joue fille, gouine, lesbienne, trans ou escargot c’est zéro. Elle est venue chez moi une fois, en cachette de tout le monde pour faire un traitement très chimique aux hormones. C’est hyper violent comme truc et ça n’a pas marché. Je pense qu’elle a franchi le PNR, le Point de Non-Retour, depuis trop longtemps. Il ne lui reste plus qu’à se trouver une petite militante LGBT chez qui elle pourra taper l’incruste pour se faire occuper d’elle bientôt. Je trouve cette histoire bien triste car, à bien y penser, ma petite gouine n’y est pour rien, c’est vraiment une victime elle. Mais pas une victime de ma supposée homophobie, une victime du nuage de Tchernobyl. End of story !
J’ai passé quoi moi ? Dix jours dans ma vie à Berlin et elle trois ans et demi. And guess what ? Je connais mieux Berlin qu’elle !