Une petite ferme normande devient un modèle dans le monde entier
3 mars 2017 23:05, par normandA lire ainsi, tout cela relève de la belle vie dans le meilleur des mondes. Quand on connaît la réalité, les choses sont un peu différentes.
1. Leur modèle n’est pas imitable ; la plupart des articles sur le sujet sont écrits par des journalistes qui n’y connaissent pas grand-chose à l’agriculture. Une étude critique de Catherine Stevens faite en 2015 montre, chiffres à l’appui, que la ferme du Bec Hellouin ne vit pas de sa production légumière mais de tous les produits périphériques : visites de la ferme, formations, droits d’auteur. A titre d’exemple : les visites ont lieu le 1er vendredi du mois de 13h à 18h ; en été, il y a en moyenne 500 visiteurs par jour de visite pour un tarif de visite de 15 €…
2. Les connaissances agronomiques ne sont pas au rendez-vous. On trouve aujourd’hui des tonnes de littérature sur la permaculture : beaucoup d’idées, souvent pas fausses, très généreuses, mais irréalistes. Je n’aime pas parler de rendement/ha - qui est pourtant la norme classique en agronomie - cela a une consonance capitalistique ; néanmoins, vous tous, gens des villes et de la campagne qui n’avez pas d’auto-suffisance alimentaire, sachez que si tous les maraichers passaient en permaculture, vous ne serez pas entrain de lire ces lignes puisque vous seriez déjà morts de faim. Avant donc d’idéaliser un modèle, il convient de l’étudier en détail.
Par contre, si vous cherchez un modèle de culture respectueuse de la terre, entièrement naturelle, fondé sur une vraie connaissance de l’agronomie et donc du fonctionnement du sol, et qui est utilisable du petit maraichage aux grandes cultures céréalières, avec un rendement au hectare qui permet de nourrir la planète, allez voir le maraichage sur sol vivant de François Mulet (maraichagesursolvivant.org), là on trouve un outil qui va révolutionner l’agriculture dans les années à venir.
3. L’école du Bec Hellouin forme chaque année quelques dizaines de gens de ville enthousiasmés par l’idée de se mettre à cultiver la terre, mais comme leur modèle n’est pas viable agronomiquement, il y a un ratio d’échecs très élevés ; à tel point que la Chambre d’agriculture de Haute-Normandie incite les nouveaux installants formés par le Bec Hellouin à aller voir des maraichages qui fonctionnent bien en bio mais qui ne font appel à un modèle dont la validité reste à prouver (malgré l’étude de François Léger de l’INRA - AgroParisTech).
Un maraicher normand (membre d’ER)