La mort des idéologies modernes et des partis politiques
1er juin 2017 18:59, par Indépendances nationalesYoussef Hindi nous dit que pour qu’une société fonctionne de façon archique (ordonnée), il faut que le peuple croit en un avenir meilleur, soit de son vivant (croyances matérialistes) soit après sa mort (croyances religieuses). Et que c’est ensuite de ces croyances que naissent des structures sociales et des modes d’organisation solides et pérennes.
Mais il ne nous dit pas d’où viennent ces croyances ni pourquoi elles apparaissent ou disparaissent. On peut croire qu’elles sont issues du hasard, ou bien du génie de certains grands esprits.
Ou bien encore des modes de production et surtout des rapports entre le Capital et le Travail (eux-mêmes très déterminés par le niveau scientifique et technique) : en gros, l’esclavage a produit les polythéismes, le servage les monothéismes et le salariat les progressismes (libéral ou d’Etat).
On a donc non pas 2 mais 3 étapes successives : (1) les conditions de production => (2) les croyances en un avenir meilleur les plus adaptées => (3) les structures sociales (familiales, politiques, professionnelles, culturelles,...) les plus adaptées. Et celles-ci modifiant à la longue les conditions de production, on revient peu à peu au début du cycle : il faut alors modifier les croyances puis l’organisation sociale (familiale, politique, etc.).
Tout cela se fait progressivement, avec parfois des chevauchements insolites (croyances persistantes malgré les conditions de production correspondantes déjà disparues ; structures sociales persistantes malgré les croyances correspondantes déjà mortes).
Le bouleversement actuel est que les conditions de production n’annoncent plus un avenir radieux mais plutôt des catastrophes (économiques, écologiques, climatiques, démographiques,...). Il s’en suit que la croyance en un Progrès-apportant-forcément-le-bonheur-à-tous est fortement ébranlée, sans être encore remplacée (malgré le développement du transhumanisme). Par suite, les structures (notamment politiques) sont déstabilisées.
Il est notable que le mouvement à la mode en France se dise simplement "En marche", sans préciser vers où ou quoi, chacun pouvant y projeter ses propres aspirations.
Aujourd’hui, prédire le paradis après la mort séduit surtout une masse inculte (éventuellement sous Captagon...) ; et prédire le paradis après avoir produit et consommé sans limites est de moins en moins crédible. Bien malin alors celui qui peut dire ce que sera l’éventuelle nouvelle croyance unificatrice !