La conspiration du "Pipelineistan" : le gaz n’a jamais été la cause de la guerre en Syrie
2 juin 2017 12:30, par SherlockL’argument fait figure d’arbre cachant la forêt. Prenons un peu de recul pour mieux comprendre les enjeux. Il s’agit ni plus ni moins de l’avenir énergétique de la planète et surtout du contrôle de sa distribution. Il n’y a pas plus géopolitiquement global que ça.
Je me limite au gaz naturel mais on pourrait étendre la discussion au pétrole.
https://en.wikipedia.org/wiki/List_...
Sur les 22 plus grands gisements, 89% (68.850 sur 77.600 km3) entourent la mer Caspienne ou sont en Russie. C’est un fait, pas une théorie. Celui qui contrôlera cette région tiendra l’avenir du monde entre ses mains. Pour l’instant la Russie est bien placée mais la concurrence est sévère.
Sur ces 89% le gisement South Pars (35.000 km3) représente la moitié, répartie entre Iran et Qatar. Les US empêchent l’Iran de développer sa propre distribution ou la défendre contre les convoitises. L’Arabie Saoudite a tenté de mettre le grappin sur la distribution de la partie Qatarie via gazoduc. Les Qataris ont répliqué avec le GNL. Premiers exportateurs mondiaux avec leur propre flotte.
Passons à l’autre moitié. Bien entendu la Russie est dans le colimateur des convoitises. L’OTAN s’en occupe activement. Il y a aussi les voies de contournement à l’ouest via Ukraine, Georgie, Arménie, Turquie et Syrie.
Un coup foire en Georgie, l’Ukraine est printannisée, la Crimée (point de passage idéal) repasse côté russe, ça se rebelle dans le sud arménien, cette petite bande de terre perdue entre Azerbaijan, Syrie, Turquie et Iran, tandis que le Kurdistan s’enflamme, armé malgré l’opposition de la Turquie, qui vient d’effacer un coup d’état, et que la Syrie... n’en parlons pas.
Sur le front de l’est, c’est plus dur car Kazakhstan et Turkmenistan sont dans le camp russe mais rien n’empêche d’établir une tête de pont en Afghanistan. Parce qu’à part le bonus évident de contrôler la production d’opium locale, que fait la coalition là-bas ?
Au sud il y a l’Iran et l’Irak. Après l’épisode du Shah, les US sont passés par Saddam pour soumettre l’Iran. Ça a foiré. Depuis l’Irak est passé à la trappe et les sanctions sont tombées sur l’Iran. Affaire en cours.
Alors oui, le gazoduc Qatari est temporairement sorti du contexte mais la Syrie demeure un acteur régional important, au même titre que la Turquie et l’Iran. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont le soutien de la Russie. Ils ont vu ce qui s’est passé en Irak et se sont fait une opinion.