Macron et l’Afrique : jeune président, vieux clichés
6 septembre 2017 17:14, par Patriote de BrancheMessieurs,
Tout d’abord, je tiens à spécifier que je suis d’accord avec le fait que chacun doive être souverain chez lui. Je partage aussi l’avis de Lugan sur la nécessité de mettre fin au Franc CFA, ne serait-ce que pour la symbolique qui s’y rattache.
Cela étant dit, c’est une farce que de faire croire que l’Afrique a réussi sa transition démographique, mis à part quelques exceptions.
L’Algérie, l’Afrique du Sud ou le Maroc sont tous passés en 40-50 ans de 6-8 enfants par femme à moins de 3. C’est ce qu’on appelle une transition bien entamée, pas le fait de passé de 7 à 5.
Mis à part l’AdS, quasiment tous les pays d’Afrique (Nord inclus) ont des taux de croissance naturelle de la population de 2% - 4%. La population de la RDC et de l’Egypte augmente de 2.5 millions d’habitants par an, celle du Nigeria de 4 millions. Sont-ils capables de créer autant d’emplois ? La réponse est bien évidemment non.
A moyen terme, toute baisse éventuelle du nombre d’enfants par femme serait de toute façon compensée (voir sur-compensée) par l’augmentation du nombre de femme en âge de procréer.
Ensuite, en ce qui concerne la croissance, il faut y retrancher la croissance démographique et tenir compte de la concentration de la croissance dans les mains des riches (le coefficient de Gini est très élevé dans les Afriques).
Une fois cela fait, on se rend compte qu’une croissance de 4-5% dans un pays comme la RDC ou le Sénégal revient en fait à une baisse du revenu médian par habitant.
Il faut aussi tenir compte du fait qu’en Afrique l’essentiel de la croissance vient du secteur primaire (hydrocarbures, mines, ou encore agriculture non vivrière comme le cacao ou le café). Cela se ressent avec la division par 4 de la croissance depuis le dégonflement des bulles sur les matières premières (passée de 8-10%/an il y 10 ans, quand le pétrole était à 140$, à environ 2% l’an dernier).
Les pays asiatiques qui ont rattrapé l’Europe ou les USA (Singapour, Corée du Sud, Taiwan, etc) ont eu besoin de 10% de croissance (stable) pendant 30 ans puis 5-6% pendant 20 ans.
Je comprends que ça tranche avec le discours de ceux qui répètent depuis 50 ans que l’Afrique deviendra un continent de Cocagne (et pourtant je suis franco-algérien).
Mais les pays africains ne s’en sortiront qu’en comprenant que mettre fin à la corruption endémique doit être la priorité numéro 1 et que c’est le travail des peuples (et non leurs réserves minières ou en hydrocarbures) qui permet le développement.