Mal de vivre et contestation sociale dans les films hollywoodiens
18 septembre 2017 23:39, par moulin-à-ventFace aux super-structures libérales, il faut nécessairement des super-hommes pour les combattre. Autrement dit l’homme naturel est en voie d’obsolescence. Les films de super-héros sont surtout un vecteur de transhumanisme. Le super-héros ou l’homme augmenté est surtout là pour signifier l’insuffisance de l’homme, son incomplétude. Un héros n’est plus suffisant... il faut désormais un super-héros. On pourrait encore s’étendre sur la dimension individualiste...
Au delà de ça, il parait évident que Hollywood est incapable de produire de la critique radicale ou ne serait-ce que subversive. Les héros hollywoodiens sont tous proudhonnistes, ils ne combattent pas le système dans sa globalité mais veulent simplement l’assainir, le rendre plus morale en combattant les méchants qui abusent de leur pouvoir. ils sont tous, sans exception, dans le fantasme réformiste. Batman étant le super-couillon par excellence. Iron-man, le super-dégénéré par excellence etc.
Dans un autre genre, le plus réaliste, on a le héros nihiliste qui sur fond de moralité combat les injustices par principe mais sait éperdument que le système est corrompu, bizarrement celui-ci n’est pas un super-héros mais juste un humain lambda, encore une fois pour signifier son impuissance quasi-ontologique face au pouvoir étatique. Pour dépasser cette impuissance, il devrait se regrouper en communauté, or ce qui est promu à chaque fois c’est le surpassement narcissique. L’homme qui se surpasse en s’augmentant lui-même alors qu’il devrait se dépasser en se regroupant avec ses semblables pour construire un nous solide et effectif dans la contestation et la lutte au lieu de spéculer un je purement inconsistant et illusoire.
Dans tous les cas, ils participent tous de l’escroquerie du spectacle critique en promouvant soit la figure narcissique du militant-engagé, soit la figure du moraliste-résigné. Il n’y a aucun changement réel de paradigme. L’illusion fatidique résidant dans la dichotomie des gentils et des méchants, des moraux et des immoraux : le système est mauvais car les gens qui le dirigent sont corrompus... en réalité la critique hollywoodienne ne vole jamais plus haut que ça.
Sans trop poursuivre dans la branlette intellectuelle, il faut tout de même noter qu’avant chaque film au cinéma, il y a de la publicité. Moralité : le cinéma sert le marché et la consommation avant toute chose. Le reste n’est qu’esthétisme dénué d’intérêt. Le cinéma est au Capital ce que l’imagination est aux humains