Mort de Jean Rochefort, le grand seigneur du 7e art
10 octobre 2017 00:11, par Seconde classeC’est uniquement générationnel - je suis né en 1971 - mais Rochefort rime pour moi avec tous ces films français incroyables qui passaient à la télévision avant la Grande Privatisation (coups de départ -> 1984 : Canal Plus ; 1986 La Cinq).
J’enjolive peut-être, mais je vous explique, les jeunots, quand j’étais collégien : plusieurs fois par semaines, passaient à la télé française - qui n’avait alors que trois chaînes d’État, des films qu’on dirait aujourd’hui d’auteur - à 20h35.
La pub durait 5 minutes. Et puis bam, ça commençait. Les films de l’époque parlaient volontiers de choses hard-core (politico-gangstéristes genre Costa-Gavras) ou alors de ce que Télé 7 jours décrivait comme "Comédie de moeurs" : là, c’est qu’il savaient pas quoi mettre comme genre. Il y avait plein de cadors : Marielle, Ventura, Girardot, Belmondo, Biraut, Darc, Gabin, Richard, Blier, Deneuve, Dewaere, Trintignant, Lanoux, Carmet, Serraut, Poiret, et toutes celles et ceux dont j’ai le visage mais non le nom en tête.
Quand on était écoliers c’était encore autre chose : coucher à 20h30. Sauf s’il y avait un "film marrant" (ou : "comédie") qui comportait "Bourvil" ou "de Funès" dans la distribution. Auquel cas on avait le droit, toujours obtenu, de le regarder même s’il y avait école le lendemain. On épluchait le "Télé 7 jours" le vendredi pour préparer la stratégie télé de la semaine. Et mes parents nous laissaient nous délecter d’un film, regardé et commenté en famille, et qu’on discutait le lendemain dans la cour de récré.
C’est une époque morte, ce qui est normal, et le beau/le bon télédiffusé se construira autrement avec ma progéniture (d’autant qu’on n’a pas la télé) ; mais le réseau d’État blackliste systématiquement tout ces grands films et téléfilms des années 60-80 depuis environ le début des années 2000, et cela, je le déplore, parce que cela contribuait à unifier culturellement les gens.
Je pense que l’État a peur que les gens se rendent compte que la société a énormément bougé au détriment de qui lui délègue son autorité.
Accessoirement : qui connaît encore De Funès, dans génération Y ou Z ?
Adieu, Jean Rochefort. Merci pour tous ces bons moments.