La Légende noire du Moyen Âge : un ouvrage qui révèle une guerre idéologique
11 décembre 2017 07:51, par Mike"Le Canon" de William Sterling, 1897, Chapître 13 :
"Strauchius dit que [...] "Scaliger fait de la chronologie l’âme de l’histoire. [...] Il tire la plupart de ses principes de l’astronomie." Selon ces autorités, l’histoire est un simple accessoire de la chronologie, et occupe une place inverse de celle que nous avons coutume de lui accorder. Selon eux, la chronologie doit d’abord être établie, puis une série d’événements doit être trouvés pour la remplir. Que la chronologie affecte l’histoire ancienne semble indiscutable, et il y a toute raison de croire que l’éminent Scaliger ne se trompait pas en exaltant la chronologie comme guide spirituel de l’histoire."
Etant un récentiste convaincu, et ce parce que j’ai lu la totalité de la production anglophone, je ne peux pas accepté le raccourci qui en est fait ici. Il ne s’agit pas de dire que tout ce qu’on a comme chroniques et ce que les historiens ont reconstruit est une fiction, ni que le Moyen-Age n’existerait pas.
Il s’agit de les réinterpréter à la lumière de faits statistiques démontrés, montrant des corrélations entre certaines séquences historiques et d’autres.
Vous vous doutiez bien que les falsifications historiques ne portent pas que sur 2001, 1962, 1945 ou 1789. Il y a toutes celles d’avant, sur lesquelles on en sait forcément moins.
Rien que les cartes du 16ème siècle montrent des choses dont on devrait tenir compte : des villes étrusques sur les cartes de Toscane, pas d’Etats de l’Eglise avant 1550, Pompéi et Herculanum toujours mentionnées (il y a même une plaque dans un village à côté qui commémore leur destruction en... 1631). Le calendrier julien n’était pas appliqué, puisque le 1er janvier a été imposé à partir de 1567 par Charles IX, et ne s’est jamais imposé. A part celui de Scaliger, les livres expliquant la réforme grégorienne parlent du fait de ne pas célébrer Pâque le même jour que les juifs, et de la fin de l’usage du nombre d’or. Dans les deux cas, cela montre que l’on utilisait le calendrier lunisolaire hébraïque.
C’est une querelle qui devait être tranchée depuis l’excommunication des évêques quartodécimains au 2ème siècle.
Il ne s’agit pas de dire que la chrétienté est une fiction, mais qu’avant Vatican I et Vatican II beaucoup de choses avaient déjà été modifiées et n’étaient pas des rappels des principes de Nicée. Il y a du travail devant nous, et on préférerait de l’aide des professionnels que du mépris intellectuel.