Les Français prêts à débourser plus pour manger français
24 février 2018 05:47, par LégumeDeSaisonFondamentalement, c’est une question de valeurs.
Dans le règne animal, se nourrir demande du temps, y déroger entraîne des suites graves.
Se déplacer pour aller au marché, chez le producteur ou dans un magasin, choisir de manière réfléchie et cohérente ses aliments, et finalement les cuisiner… c’est un choix, et c’est malheureusement devenu pour certains un privilège.
Partout en Occident, la qualité de l’alimentation est « statistiquement » corrélée avec le niveau social. Les différences de comportement sont loin d’être nettes et exclusives, mais enfin, pour ne citer qu’un exemple, personne ne va nier que les obèses sont majoritairement en bas de l’échelle sociale – le bon tour de taille signe de richesse, c’est terminé.
Tout le monde le dit, tout le monde le sait, mais personne ne précise… C’est avant tout socio-culturel et non socio-économique.
Jadis – ou devrais-je dire naguère –, on mangeait de la viande une ou deux fois par semaine, c’était normal, et personne ne criait famine pour cela. Et le carême avait un effet supplémentaire sur les dépenses et la santé !
Maintenant c’est la course à la bidoche, et les jours de fêtes, paradoxalement de plus en plus nombreux, c’est la gloutonnerie. La finesse du palais et la sagesse du bide n’existent plus, la qualité s’efface devant la quantité, et notre joli monde décadent aggrave le phénomène : plus c’est de la merde, plus il faut en manger, parce que le vrai goût ne vient jamais, et la chimie crée ce simulacre de plaisir.
Le cercle vicieux règne : en croyant faire des économies, on crée de la pauvreté ailleurs ; et maintenant certains n’ont plus le choix, ils doivent manger de mauvais aliments et dans le même temps se voient contraints d’alimenter ce système qui volent les agriculteurs.
Mais beaucoup de gens le font par choix ou n’en prennent pas conscience ; ce sont les consommateurs avant tout qui sont coupables.
Les gens ne sont plus lucides, s’ils n’ont pas leur steak haché pour faire graviter quelques légumes dénaturés, ils ont l’impression de ne pas avoir mangé.
Les producteurs obligés de s’aligner sur un marché global, c’est un vrai problème, mais cela n’a pas été le déclencheur, c’est une conséquence accablante.
Dans tous les pays européens, les agriculteurs veulent mettre en avant leur production nationale, mais laisser le travail d’influence aux promoteurs de l’agriculture chimique, dont leur seule justification est le marché mondial, ne va pas les aider.