1) Le mensonge parasite la vérité.
a) Les trois premières espèces de mensonge
St Thomas dans sa Somme Théologique (Q.110, Iia IIae, art.2) rappelle la division du mensonge en huit : « St Augustin dans son traité, divise le mensonge en huit : 1° « doctrinal et religieux » ; 2° « sans utilité pour personne et nuisible à quelqu’un » ; 3° « utile à l’un au préjudice d’un autre » ; 4° « fait pour le seul plaisir de tromper » ; 5° « fait par désir de plaire » ; 6° « ne nuit à personne et aide quelqu’un à garder son argent » ; 7° … « et aide à éviter la mort » ; 8° … « et aide à éviter la souillure ».
« On peut donner du mensonge une triple division. La première est prise de la raison même de mensonge ; elle est donc propre et essentielle. A ce point de vue, le mensonge se divise en deux espèces : la jactance (Q.112), qui va au-delà de la vérité ; l’ironie (Q.113), qui reste en deçà, d’après Aristote. Cette division est bien essentielle, puisque le mensonge, par sa nature même, est contraire à la vérité qui est une égalité à laquelle s’opposent directement l’excès et le défaut, nous l’avons dit à l’Article précédent ».
« La deuxième division considère le mensonge en tant qu’il a raison de faute, plus ou moins grave selon le but que l’on se propose en le disant. La faute est plus grave si l’on veut nuire au prochain ; c’est le mensonge pernicieux. Elle l’est moins, si l’on a en vue quelque bien : un plaisir, et c’est le mensonge joyeux ; un avantage, et c’est le mensonge officieux, qu’il s’agisse d’aider quelqu’un ou de le protéger. Telle est la division présentée au début de cet article.
« La troisième division est plus générale et considère uniquement le but du mensonge, sans envisager si cela augmente ou diminue sa gravité. C’est la division en huit membres de la deuxième objection. Les trois premiers sont compris dans le mensonge pernicieux, d’abord contre Dieu c’est le mensonge « doctrinal et religieux » ensuite contre le prochain, soit avec la seule intention de « nuire à quelqu’un sans utilité pour personne », soit avec celle « d’être utile à une personne au préjudice d’une autre ». Le premier de ces trois mensonges est le plus grave, comme toujours quand un péché est contre Dieu, nous l’avons dit ; le deuxième l’est plus que le troisième, que diminue l’intention d’être utile.