La dette publique : une fatalité ?
10 mai 2018 09:38, par nicolasjaissonQu’il est loin le temps où les barons du Roi de France refusaient des prélèvements fiscaux à la Couronne, sous prétexte que les revenus de l’Ile de France devaient largement suffire aux besoins de financement de leur souverain. Chacun était le maître chez soi, en vertu des "privilèges" qui étaient accordés et garantis par le Roi de France aux corps intermédiaires, qui se trouvaient ainsi protégés des empiétements de souveraineté dans leur domaine propre d’existence. Tout a changé avec la création des banques centrales qui donnaient à l’Etat des moyens d’intervention propres à bousculer toutes les chasse-gardées et autres privilèges qui empêchaient auparavant le gouvernement d’intervenir ou de légiférer dans des juridictions spécifiques qui lui échappaient (provinces, municipalités, métiers, corps religieux etc). L’interventionnisme de l’Etat a permis la création de mastodontes administratifs, industriels et financiers qui écrasent tout sur leur passage, pour laisser la place au règne des oligarchies publiques et privées qui s’entendent comme larrons en foire pour établir le totalitarisme le plus absolu que le monde ait jamais connu. La monnaie est d’abord et avant tout un instrument de pouvoir au service de la synarchie qui s’en sert pour manipuler à sa guise l’ordre international en créant à volonté des zones de haute ou de basse pression en fonction des nécessités du moment. C’est ainsi que l’Europe s’est appauvrie après la crise de 2008, à cause des politiques dites d’austérité, alors que l’Asie s’enrichissaient massivement avec la création illimitée de monnaie dette par la Chine et le Japon. Les arguments de Sapir en faveur de la dette publique sont très exactement ceux qui ont été utilisés par par les tenants de l’euro pur justifier la création d’un large marché des instruments financiers fondés sur la dette publique mutualisée au niveau de l’Europe. On voit maintenant les limités de cette financiarisation à outrance déguisée en libéralisme servant l’interventionnisme étatique qui s’est transformé en prédation pure et simple s’étendant à des zones géographiques entières. Le rachat des ressources minières africaines par la Chine est un bon exemple de ce point de vue, ou encore la colonisation de pays entiers dont les actifs publics sont rachetés par des fonds souverains, comme le rachat des Maldives par la Chine ou la main mise du même pays sur la Mongolie ou le Pakistan.