Marine Le Pen favorable à la naturalisation du Malien Mamoudou Gassama
1er juin 2018 15:08, par Dan LandanaLe héros clandestin
La mort telle un vautour attendait patiemment
La chute de l’enfant laissé sans surveillance ;
Sa chance était si nulle au vu de la distance
Séparant le balcon du trottoir inquiétant.
À vue d’œil, le petit allait perdre ses forces,
Agrippé par deux doigts au rebord du balcon,
Le corps dans le vide dans une position
Extrême qui vidait le peu d’air dans son torse.
Déjà quelques passants, armés de leur portable
Suivaient le spectacle et filmaient l’évènement
Pendant qu’apparaissait en noir sur leur écran
L’ultime seconde d’une mort très probable.
C’est alors que l’on vit, semblable à Spiderman,
Un homme s’accrochant aux parois des murs lisses,
S’élancer vers le môme et tenter une esquisse
Tout d’abord sans succès, puis agripper l’enfant.
La foule en contre-bas a pu pousser un ouf ;
Oui, la mort est vaincue ! Et voici que la France
Toute entière découvre ébahie et en transe,
Que le héros du jour est immigré de souche.
Un clandestin, un noir, comme une anomalie,
Un paumé du Mali familier des errances,
Un vrai miraculé des dunes du désert,
Enfermé en Libye, rescapé de la mer.
Petit fils peut-être des fameux tirailleurs
Qui avaient combattu pour libérer la France,
Revenu en ces lieux pour y tenter sa chance,
Trouver quelques euros et un peu de bonheur.
L’Histoire joue des tours quand elle suit son cours ;
La pierre rejetée devient la pierre d’angle ;
Hamoudou Gassama, un héros qui étrangle
De par sa bravoure les préjugés du jour.
Sans demande d’audience, Macron le reçoit !
Il ne porte qu’un jean puisqu’il n’a rien d’autre,
Si ce n’est le sourire, à la façon des nôtres
Quand ils comparaissent innocents chez le roi.
Le héros a gagné haut-les-mains ses papiers,
Et peut-être un logis en plus d’une pitance ;
Il aura l’occasion de montrer à la France
Qu’on peut compter sur lui dans l’habit d’un pompier.
Joseph Kokou Koffigoh
Poème inédit
Lomé le 29 mai 2018