Les mains inversées de Baron-Cohen : un cas d’école
8 juillet 2018 13:45, par RobespierreL’article est intéressant et très clair. Il montre le pouvoir de stupéfaction de ces contes d’horreur.
L’esprit s’en défend mal : comment admettre que quelqu’un invente des choses pareilles ? Cela révélerait chez le conteur des pulsions inquiétantes, particulièrement malsaines. Or les colporteurs de ces absurdités sadiques sont généralement des figures d’autorité durant le jeune âge, ici le père, ailleurs un professeur, qui ne sont pas toujours la source de l’anecdote. Ils la rapportent et sont sincèrement convaincus eux-mêmes de sa véracité. D’où la difficulté encore plus grande de s’avouer que l’anecdote est un mensonge. Plus le temps passe, plus il devient difficile pour la victime d’une telle croyance de purger l’esprit de cette foi en l’impossible cruauté. Des cauchemars enfantins y sont liés, la personnalité s’est en partie construite autour du micro-récit délirant présenté comme assuré. Ainsi se perpétuent des légendes, même chez un scientifique qui devrait immédiatement suspecter cette histoire ridicule d’inversion des mains.
Cette idée de renversement n’est pas neuve. L’image, frappante, se trouve dans une oeuvre de Bronzino, datant du XVIe siècle. On voit Vénus et Cupidon tentant de se voler mutuellement. Dans le fond à droite, derrière l’angelot, un personnage de chimère tient un rayon de miel, qu’on aperçoit entre le haut du bras de Vénus et le nombril du putto. Si vous observez cette main, qui normalement est la main droite, vous remarquerez que paume vers le haut, le pouce est à l’intérieur. Ce personnage aux mains inversées, dont l’une est caché dans le dos, n’est autre que la tromperie.