C’est toujours revigorant d’écouter des esprits affinés, cultivés et surtout qui savent analyser à l’aune du tri stratégique et opportuniste que toutes "révolution" génère. En l’occurrence, Badiou rejoint largement l’analyse pertinente de Francis Cousin sur le vrai fiasco 68tard. L’arrière-plan ouvrier, mouvement authentique original de la tentative de résister au nouvel ordre économique qui s’installait et qui embarquait les ouvriers vers une aliénation massive, est resté curieusement peu visible dans les médias de l’époque et même encore aujourd’hui.
C’est bien la ligne "étudiante" qui a été mise en avant et qui opère encore aujourd’hui, incontestablement. Les véritables agitateurs furent les bourgeois qui, comme en 1789, mirent les idiots utiles (les jeunes énervés) en 1ère ligne (Cohn Bendit, BHL, Goupil et toute la clique qu’on retrouve aujourd’hui, vieillie, embourgeoisée, libérale-libertaire) et ce sont bien eux qui ont permis aux ultra libéraux d’orienter la "révolution" vers ce qu’elle produit aujourd’hui : chaos social, inversion des valeurs universelles, cocufiage haute volée des ouvriers devenus les damnés de la modernitude.
Une phrase me résonne infiniment dans la tête : "Nous irons ensemble vers le Nouvel Ordre Mondial... et personne, vous entendez, personne ne pourra nous en ampêcher" (discours de Sarkozy la 1ère année de son mandat). Sarko et les petits présidents suivants depuis Giscard, sont les exécutants du chaos né de mai 68.