La banque centrale turque prend des mesures pour éviter tout problème de liquidité
13 août 2018 21:50, par nicolasjaissonCe qu’il faut retenir de cette crise, c’est l’incapacité des banques chinoises à prendre le relais des banques américaines. On se serait attendu à une avalanche de liquidités en yuans pou regonfler la solvabilité défaillante des banques turques qui n’hésitaient pas à allonger généreusement les liquidités offertes par l’oncle Sam à des taux très bas à leurs clients. La croissance turque a d’abord et avant tout été alimentée par les prêts en dollars consentis par la FED via les relais comme la Banque Mondiale ou le FMi qui recyclent les liquidités primaires en prêts. Ce financement s’inscrivait dans une perspective de mondialisation de l’économie turque vivant surtout des exportations vers les marchés européens et américains. Et puis tout d’un coup, tout change. Voilà que la FED refuse de refinancer les prêts en dollars, qui vont faire défaut, provoquant aussitôt la faillite des banques turques. Certes la banque centrale turque peut maintenir artificiellement à flot ses banques commerciales en regonflant leur capital en monnaie locale, ce qui permet aux banques de continuer à financer les entreprises. Mais celles-ci vont perde leur marchés à l’export, sans qu’une reconfiguration des échanges puisse s’effectuer rapidement vers d’autres pays, comme le Chine ou la Russie. Déjà se font jour les dissensions pour savoir dans quelles monnaies seront libellés les échanges avec ces pays, compte tenu de l’hyperinflation et des mesures d’encadrement des flux monétaires. La Chine est sans doute intéressée par la Turquie comme carrefour de communication logistique et énergétique, mais les perspectives s’arrêtent là en attendant que les Turcs produisent des marchandises en adéquation avec le marché chinois. Erdogan a fait un sacré pari en prenant de front les Américains. Une économie ne se transforme pas à coups d’oukases du gouvernement. Il faut du temps et de l’argent pour réorienter les productions. En attendant la lire turque s’effondre, les échanges s’arrêtent et les chefs d’entreprise se demandent s’ils ne vont pas être pendus, s’ils refusent de continuer à produire à perte. On a déjà vu un tels scénario au Venezuela. La vision politique ne suffit pas. Il faut aussi une certaine dose de pragmatisme. L’Europe ne semble pas très pressée de voler au secours de la plaque tournante des migrations internationales qui a servi de plateforme de financement à Daech pendant les années de la guerre civile en Syrie.