Thierry Meyssan encore à côté à propos de l’Iran en s’acharnant sur sa version binaire gentil ou méchant.
Une partie de l’élite iranienne agit dans l’axe de la Résistance contre le projet sioniste, comme le prouvent sur le terrain les victoires iraniennes décisives, un fait que l’auteur de l’article oublie au profit de l’après-guerre, au moment ou les Gardiens de la Révolution n’ont plus à se mouiller autant pour que la Syrie ait une garantie de stabilité. Au passage, l’Iran décroche pour la première fois une route logistique directe le reliant au Hezbollah. Cette portion de l’élite est directement sous les ordres du Guide Suprême Ali Khamenei.
Une autre partie en revanche est totalement cooptée par les américains, Rohani en tête. L’entièreté des faits relevés par Meyssan relève davantage de l’échec cuisant de son mandat, vu qu’il s’attendait à dealer avec Clinton plutôt que Trump. Pour le coup, c’est concessions sur concessions sans aucune garantie, et le peuple iranien ne peut s’en prendre qu’à lui-même, con comme il est, et je ne parle pas seulement d’une fois tous les 4 ans (je suis bien placé pour le dire, j’ai côtoyé mes compatriotes pendant plusieurs années), sauf que...
La troisième partie est constituée d’une élite richissime qui détient une grande partie des secteurs du pays sur lesquels elle détient un monopole indisputé. Ceux-ci sont parfaitement au courant que si la balance des pouvoirs penche d’un côté (la Résistance) ou de l’autre (les sionards), leur fessier est précisément posé sur le siège éjectable dès le moment ou le status quo est brisé. Ceux-ci sont par ailleurs de loin le groupe le plus influent concernant la politique intérieure du pays (puisque détenant tous les postes clés et la grande majorité des capacités de production du pays) et jouent un jeu d’équilibriste extrêmement risqué. Ils n’ont aucune capacité de projection de force à l’extérieur du pays, ce qui arrange bien les Gardiens de la Révolution, hors d’atteinte en Syrie, mais misent sur la prise en otage de l’avenir du pays, menaçant de tout emporter dans leur déchéance, dans le cas où un ordre de purge totale arriverait discrètement dans les mains de Qassem Soleimani.
C’est comme ça depuis la fin de la guerre Iran-Irak, on vient de fêter les 40 de la République Islamique. Les bons parmi les iraniens sont extrêmement patients et résilients, chiisme oblige. Autrement dit, rien de neuf sous le soleil, c’était la même m*rde sous Rafsanjani il y a 20 ans de ça.