Pour en finir avec l’extrême droite
12 mars 2019 12:32, par listenerQue voilà une passionnante question.
Pour savoir ce qu’est l’extrême droite il faut d’abord savoir ce qu’est la "droite". Cela remonte au tout début de la révolution. Les pouvoirs laissés au roi sont au cœur de ce problème. Les Constituants au départ se divisent sur la question à Versailles, le 28 août 1789. Les uns prennent ainsi l’habitude de se regrouper à la droite du président de séance et les autres à sa gauche. Cela se cristallise sur l’affaire du droit de veto. Autrement dit, le monarque pourra-t-il refuser de contresigner les lois votées par l’Assemblée pour les empêcher d’entrer en vigueur ? Il resterait alors un roi souverain. Le débat est de brûlante actualité et la question du veto est la première qui divise nettement le parti patriote.
A droite, les modérés, comme Mounier, sont favorables à un système à l’anglaise, c’est-à-dire au veto absolu. En revanche, les conciliateurs, tels Pétion ou Barnave, voudraient un veto suspensif qui permette un recours à de nouvelles élections en cas de désaccord persistant entre le roi et l’Assemblée. Seuls les démocrates s’élèvent violemment contre toute forme de prérogative royale. Dans l’esprit des "démocrates", le roi est le chef de l’exécutif (une sorte de président de la république héréditaire) et ne doit que faire exécuter les lois comme un automate. La question n’est en fait toujours pas vraiment résolue.
Si on s’arrête là brusquement, on prend en fait conscience que toutes les formes républicaines de gouvernement attribuant à un homme le pouvoir exécutif et les missions de chef de l’Etat sont en fait issus de la gauche de l’Assemblée législative et que la droite reste le "parti royal" pour toujours.
La course au "centre" a fait surgir l’extrême droite telle qu’on la voit aujourd’hui. Le Centre, c’est le parti de opportunistes qui a progressivement pris toute la place en politique de sorte qu’on ne sait plus à qui on s’adresse. Droite ? Gauche ? Il est de plus arrivé ce qui devait arriver : un phénomène de connivence et de cogestion de la droite et de la gauche (social démocratie et démocratie chrétienne) se moquant des électeurs et faisant très logiquement surgir des gens pas contents d’être cocus.
On parle donc d’une part de la grande partouze des partis "modérés" et d’autre part de ceux des cocus du système qui n’en sont pas.