Certains n’ont pas besoin de casser pour "abîmer" l’image de la France
26 mars 2019 11:08, par ABPiero Manzoni met sa "merde" sur le Marché car c’est un "Marché de merde" et il est le premier à le savoir et à le dénoncer. Il dénonce et donne à penser plus qu’il ne trompe son public (il faudra un jour faire l’effort d’arrêter de croire que les artistes contemporains sont par définition tous des imposteurs sous prétexte qu’ils ne produisent plus des oeuvres à prendre au premier degré). Ce qu’il met en lumière, c’est précisément l’esprit bourgeois qui spécule sur l’Art sans rien y comprendre, au point même d’acheter de la "merde en boîte" qui, de plus, se définit et lui est présentée comme telle : "merda d’artista".
On me répondra qu’une telle dénonciation ne sert finalement à rien dans la mesure où cette "merde" est désormais cotée, devenant à son tour objet de spéculation sur un Marché qu’elle alimente. Certes, mais cela c’est le lot de l’Art dans sa totalité, dans un monde où tout se marchandise et tout se recycle : même les icônes se vendent aux enchères. L’artiste n’est pas en mesure de changer cela, ce n’est pas son problème. Tout ce qu’il peut faire, c’est passer le message à titre subliminal.
J’y ajouterai une solide dose d’humour et de second degré :
Une "merde" mise en conserve, c’est-à-dire conditionnée de manière mortifère, par analogie avec les produits alimentaires de masse pour humanité zombifiée
Manzoni "coule un bronze" dans une boîte, comme le sculpteur traditionnel coulait du bronze dans un moule
Y-a t’il réellement de la merde dans le contenant ? L’odeur du mystère continue à planer et le stupide bourgeois acquéreur comprendra-t-il un jour qu’il s’est peut-être fait berner ?
Le travail authentiquement conceptuel d’un Duchamp, d’un Manzoni ou d’un Beuys n’ont rien à voir avec le plug anal et autre imposture du même acabit, qui sont juste là pour "décorer" de manière gratuitement scandaleuse l’espace public à coup de millions d’euros. Chez Duchamp, Manzoni ou Beuys, rien n’est gratuit et la provocation ne se réduit jamais au simple plaisir de choquer pour le plaisir de choquer. Le véritable artiste conceptuel est un discret dynamiteur de l’intérieur, dont le travail a toujours pour objectif de mettre le spectateur en demeure de s’interroger sur les ressorts de sa propre subjectivité, qui lui font désigner - souvent en fonction de ses propres "goûts personnels" - ceci ou cela comme étant ou n’étant pas "de l’art".