L’Etat providence algérien repose sur une économie de rente, avec l’exploitation des hydrocarbures : 98% des recettes d’exportations, quand 80% des biens de consommation sont importés.
Lors des « printemps arabes », ses réserves de change importantes, grâce aux tarifs élevés des hydrocarbures dans la décennie 2000, lui ont permis d’acheter la paix sociale. Depuis, le pays a subi de plein fouet la chute des tarifs mondiaux des hydrocarbures. Aujourd’hui ses capacités financières sont faibles.
Avec un tarissement des gisements connus et faute d’investissements suffisamment conséquents ces dernières années, la production de pétrole est en baisse constante.
Désormais la production de gaz prédomine (réserve estimées au 5ème rang mondial). Maintenant se pose la question des débouchés, majoritairement européens. Outre la récession et la concurrence accrue du gaz de schiste américain, ses principaux clients que sont l’Italie, l’Espagne et la France tendent à réduire leurs achats de gaz algériens, pour diversifier leurs approvisionnements, en s’ouvrant à de nouveaux fournisseurs. Des concurrents de taille se profilent comme le gaz Azerbaïdjanais (gazoduc Trans-adriatique TAP), l’exploitation du colossal gisement offshore "Leviathan" entre Israël, Liban, Syrie, Chypre (gazoduc East Med). Bien que ces approvisionnements concernent davantage les pays des Balkans, cela a une incidence dans la négociation de contrats à courts termes ; les contrats à longs termes, auparavant plus avantageux pour l’Algérie, arrivant à échéances entre 2019 et 2021.
Autre échéance cruciale pour l’Algérie, l’entrée en vigueur des accords de suppression totale des droits de douanes avec l’UE pour 2020.
Aussi, dans le contexte des actuels chamboulements géostratégiques - la Russie et la Chine sont des partenaires militaire et économique forts de l’Algérie - difficile de déterminer si l’on assiste plutôt à une poussée externe/interne pour renverser le système politique, ou bien, si les dirigeants algériens acculés agitent le spectre du chaos social et migratoire afin de faire pression sur des (re)négociations en cours, hautement stratégiques pour maintenir un statut quo.
D’une rive à l’autre de la Méditerranée, puissent des forces spirituelles bénéfiques surpasser ces enjeux très matériels, enclencher un changement de paradigme, transmuter ces ressources souterraines faramineuses en un épanouissement radieux des peuples.