En ce qui concerne Battisti, pour se faire une très bonne idée du dossier, lire le livre de Guillaume Perrault "Génération Battisti, ils ne voulaient pas savoir" (Plon) 2005.
On y découvrira que les charges contre Battisti sont beaucoup plus lourdes et étayées que ne le laisse entendre F. Vargas. À la différence de la France, en Italie,"parquet et avocat ont des prérogatives égales et s’affrontent en présence d’un juge qui arbitre. Point après point, le procureur avance la preuve et la défense s’efforce de la réfuter. Les débats sont donc très minutieux. Une grande partie du travail fait en France par le juge d’instruction est réalisée en Italie à l’audience, ce qui diminue le risque d’un dossier bâti uniquement à charge à partir de l’enquête de police. Les décisions de justice qui ont condamné Battisti et les autres membres de son réseau sont très détaillées : l’arrêt de la cour d’assises de Milan de 1988 comprend 750 pages, les autres près de 500. Le raisonnement qui fonde le verdict occupe à lui seul 60 pages. Une telle transparence exige un grand effort de rigueur dans la démonstration de la culpabilité. Rien de tel en France, où les arrêts de cour d’assises ne sont pas expliqués. Au pays des Droits de l’homme, les jurés déclarent l’accusé innocent ou coupable et décident d’une peine, point final. Beaucoup repose sur "l’intime conviction" : on ne sait rien, à la lecture du verdict, du raisonnement et des preuves qui le justifient. La justice italienne garantit ainsi des droits de la défense exigeants et coûteux, que les avocats français seraient ravis d’obtenir pour leurs clients. Dès lors, il suffit de lire ces arrêts et de les comparer aux déclarations de Battisti pour être édifié. L’ancien terroriste assurait sans cesse qu’il avait été condamné sur le seul fondement du témoignage d’un repenti, procédé inique réservé aux législations liberticides. Cette affirmation ne résiste pas à l’examen."(pp 29, 30).