Pierre Jovanovic – Revue de presse (juin 2019)
5 juin 2019 15:09, par nicolasjaissonL’Allemagne a pillé les pays du Sud ? Sans l’euro et donc sans l’Allemagne, les pays du Sud n’auraient jamais trouvé auprès des marchés les ressources financières nécessaires au surendettement public et privé qui a nourri l’Etat Providence d’une part et le développement de la ploutocratie politique d’autre part qui arrose qui bon leur semble dans les villes et les régions en faisant distribuer par les banques des crédits remboursés in fine par la BCE et donc en partie par l’épargnant allemand. Rappelons que les banques italiennes tirent tous les ans la sonnette de M. Draghi pour obtenir l’effacement du tiers de leurs portefeuilles de crédit, sans que personne ne leur demande des comptes, sauf les chiffres officiels, qui sont bidonnés d’un commun accord entre les administrateurs des deux bords. La contrepartie allemande est d’avoir évincé ses principaux concurrents industriels à l’intérieur des marchés européens, au nom de la "théorie des avantages comparatifs", qui a conduit les pays du Sud à sacrifier leurs industries pour se spécialiser dans le tourisme et la fonction publique nourrie par la dette. A ce titre les Français dépassent désormais la dette italienne, sans payer les mêmes intérêts, ce qui oblige la banque centrale italienne a racheté elle-même ses dettes. La position dominante de Merkel est cependant fortement entamée par une accumulation de bourdes politiques et économiques qui sonnent comme des coups d’un destin funeste, à l’heure où le modèle économique allemand fondé sur l’exportation subit de sérieux revers. Outre les millions de migrants financés à coups de milliards d’euros, il faut aussi mettre à son débit la déconfiture des banques allemandes, la situation financière calamiteuse de nombreuses villes allemandes et surtout la transition énergétique dont le consommateur ne veut pas mais que le gouvernement fédéral essaie d’imposer à coups de dizaines de milliards d’euros. Non contente d’avoir plombé les fleurons automobiles teutons d’amendes gigantesques, Merkel entend renchérir encore la facture électrique la plus chère d’Europe en sacrifiant les mines de charbon et en invitant les Chinois qui installent leurs usines de batteries et vendent leurs bus autonomes à des villes incrédules devant l’incertitude économique. Merkel est très décriée dans son propre parti ; du fait de ses choix économiques aberrants, notamment la sacrifice du charbon. La grande coalition vient à nouveau de se rompre avec la démission de la leader du SPD.