"Le bio est loin d’être sans failles", alerte le magazine 60 millions de consommateurs
7 juin 2019 09:15, par HippolyteBonjour à tous et à toutes,
Je suis viticulteur non bio en cours de labelisation haute valeur environnementale (en train de devenir obligatoire pour vendre dans certains circuits de distribution)
Après avoir lu la plupart des commentaires, une constante est apparue assez clairement, le fait de penser que le bio est exempt de pesticides. C’est entièrement faux, les produits phytosanitaires utilisés (car il en faut) sont simplement d’origine naturelle et pour certains même de synthèse (la molécule naturelle étant synthétisée en labo), de plus de l’engrais est également utilisé, certes d’origine naturelle, donc qualifier l’agriculture « bio » d’agriculture sans intrants ou même sans chimie est une aberration.
Je donne quelques exemples en viticulture, le pyrévert qui est un insecticide non sélectif à base de pyrèthre est utilisable en bio, dans la lutte contre la cicadelle de la flavescence dorée uniquement, mais qui crame tous les insectes présents.
Il est également possible d’utiliser des phéromones de synthèse afin de perturber les cycle de reproduction de certains papillons.
Il existe depuis quelques mois désormais un herbicide d’origine naturelle à base d’acide pélargonique, d’ailleurs commercialisé en grande surface sous l’ancien nom de Roundup mais bio. Il n’est pas encore homologué par le label bio, mais c’est une affaire de quelques mois.
Sans parler des incontournables fongicides indispensables à la culture de nombreux aliments, car depuis 1845, des champignons ont été importés malencontreusement des Amériques et depuis la lutte est obligatoire pour avoir une récolte, oidium et mildiou principalement, pour lesquels il faut pulvériser du soufre et du cuivre. Même s’ils sont d’origine naturelle, ces produits sont toxiques, notamment le cuivre, pour la terre comme pour les humains.
Cela étant dit, le point le plus important au final est de ne pas essentialiser le débat, en deux catégories distinctes, les bios et les conventionnels, c’est très malsain et ça apporte plus d’huile sur le feu qu’autre chose.
Beaucoup de conventionnels ont des pratiques s’approchant plus du bio que certains bio labellisés.
Enfin pour revenir sur le retour à l’agriculture de nos aïeux comme certains semblent en rêver, une petite réflexion : êtes vous d’accord pour faire supporter à quelques centaines de milliers d’agriculteurs le poids de la bonne conscience alimentaire de 66 millions d’autres français ?