Disparition du philosophe Michel Serres, le roi du truisme
16 juin 2019 14:22, par petit fripounetIl n’y avait pas que du truisme chez Michel Serres. J’ai appris à me méfier des politiques avec son livre Éloge de la philosophie en langue française (1995) qui contient un passage admirable sur le sieur Condorcet, encensé par la gauche d’alors, les Badinter lui avaient consacré une hagiographie et Serres dans un chapitre intitulé « Bourg-la-Reine 1794 » nous éclairait sur le parcours de ce « noble » qui « parle avec ferveur de l’égalité ». « Il rencontre enfin le peuple et la misère dont il avait tant parlé. 48h d’expérience, par voie directe et enfin loyale, pour une vie de discours sur ces mêmes sujets : il en meurt. »… « On comprend qu’il soit si vite devenu le modèle des intellectuels français si habiles et prompts à se saisir des postes au nom des pauvres dont ils parlent sans les connaître et qu’ils trahissent dès qu’ils conquièrent le pouvoir à leur place. »
Grace à Serres, défenseur et éditeur d’un corpus philosophique en langue française, j’ai pu lire Guyau et sa « morale sans obligation… ». D’autres ont déjà dit qu’il avait défendu Hergé, soulignons aussi son admiration pour Bossuet, indocile face au pouvoir. C’est de cela dont je me souviens, de cette dette. Il a eu d’autres propos moins intéressant, mais je ne les connaissais pas, j’ai une oreille sélective. Quand je peux je prends le meilleur.