C’est ainsi que l’homme éclairé, si l’on peut dire, se voit marginalisé, perçu comme radical voire dangereux, puisque ses instincts sont tout orientés vers la détérioration de l’intellectualisme du théâtre de la représentation : lorsque cet homme parle, la remise en question qu’il propose est tellement puissante qu’elle est niée, et bien souvent par un argumentaire qui synthétise au paroxysme la maladresse du compromis, puis tout simplement fuit. Et c’est cette fuite, la fuite en avant de l’ignorance, qui fait de cette homme un marginal, alors que lui seul prend de véritables risques et, par la même, offre sa main tendue vers les douves de l’individualisme mortifère qui, incapable de comprendre que c’est pour l’ extraire de sa condition de vie inhumaine, se persuade plutôt à faire tomber l’homme révolté dans les filets sécuritaire du monde dans lequel il survit à l’aveugle, éloigné de ce qu’il est au plus profond de l’Etre Véritable : c’est ainsi que l’homme moderne ne sait plus partager que sa schizophrénie… L’individualiste s’attache à trouver dans la mesquinerie du monde, le moindre détail pouvant être perçu comme avantage, facilité, ou petit plaisir, même si cela-ci est systématiquement ridicule pour ne pas dire honteux sur le plan purement intellectuel. C’est cela qui caractérise l’Ignorance dont nous parlons.
Ainsi, le diable n’est pas celui qu’on croit. Mais à ce niveau de perversion, d’aveuglement, sous le règne de l’anti-tradition, le diable est perçu tour à tour comme une clé (le politique), et comme le danger absolu (l’authenticité) : Et c’est pour cela qui rien ne bouge mais que tout s’agite stérilement ; les brebis ne reconnaissant plus leur berger, s’en tiennent aux bips répétés de l’automatisme réflexif dictés par l’entité qui leur donne fourrage sans trop d’efforts (intellectuels). Nous ne développerons pas ici les effets de l’émancipation forcenée de toutes les névroses possibles, érigées comme des qualités, alors qu’elles ne sont que des béquilles soutenant l’apologie des blessures jusqu’au au sang engendrées par les dissociations psychologiques du paradigme de l’avoir républicain, du culte de l’action et du sentiment typiquement occidental.