Hong Kong à la croisée des chemins du pouvoir mondial et des luttes idéologiques
26 août 2019 16:17, par nicolasjaissonSi la Chine s’est enrichie aussi rapidement, elle le doit avant tout à la trahison des élites financières américaines qui ont organisé la désindustrialisation des Etats-Unis par les délocalisations industrielles en Chine et mis en place les mécanismes de transfert de capitaux entre les banques chinoises et leurs comparses occidentales avec entre les deux l’Etat chinois afféré à la transformation des excédents commerciaux en dollars US en instruments de dette interne libellés en yuans destinés aux dépenses d’investissement. La mondialisation financière est le corollaire de ce fantastique transfert de richesse entre l’Occident surendetté et les "nouveaux dragons" asiatiques gorgée de liquidités en dollars, faisant jouer l’effet de levier de la transformation économique et sociale achetée par la désolation des classes ouvrières puis des classes moyennes des pays dits "industrialisés" au nom du rattrapage des pays en développement. L’enrichissement de la Chine est donc essentiellement le fruit savoureux à la bouche mais amer au palais de la financiarisation des économies occidentales, qui non contentes d’avoir mis une bonne partie de leur population active au chômage ont transposé en Chine les pires pratiques de la relance par la dette dont le gouvernement chinois est tellement friand, du fait de la multiplicité des instruments de dette à sa disposition qui lui permettent de faire circuler la dette à travers les différentes classes d’actifs à réévaluer. Les bulles de crédit communiquent entre elles, ce qui leur évite d’exploser prématurément en compromettent l’empilement de dettes qui repose in fine sur du vide, c’est-à-dire la confiance dans les capacités de refinancement infinies de la PBOC. Cependant avec des soldes négatifs de la balance des paiements et une extrême dépendance des entreprises et des banques commerciales chinoises vis à vis des liquidités en dollars, cet assemblage baroques d’elements nés de l’imagination fertile de l’ingénierie financière combinée à l’ingénierie sociale, le tout bien supervisé par l’intelligence artificielle, apparaît comme extrêmement vulnérables aux déséquilibres énormes dont il est la conséquence et qu’il a lui-même engendrés. La Chine comme Hong Kong sont des terrains d’expérimentation pour des technocrates prométhéens rêvant de refaire le monde en se passant des lois naturelles régissant la société, qui se réveillent enfin à leur bon souvenir, lorsque la magie de la transformation financière ne fonctionne plus.