La bataille pour le Christ – Conférence d’Israël Shamir et Maria Poumier à Grenoble
25 septembre 2019 16:00, par TBPetite digression sur la critique de la société indienne (partie 2).
Une société traditionnelle est hiérarchisée par définition. La Chrétienté, avec son modèle de société tripartite (prêtres - guerriers - paysans), ne faisait pas exception.
Il faut savoir ce que l’on veut, soit le modèle démocratique où toutes les qualités se valent, soit le modèle traditionnel où, l’esprit étant supérieur à la matière, la valeur d’une opinion se juge avant tout par sa conformité au sens des Ecritures. Si l’on choisi la seconde option, il faut admettre que tous ne présentent pas les mêmes dispositions à pénétrer ce sens et par conséquent à remplir la fonction de prêtre.
Concernant certaines précautions à prendre quant à l’accès aux textes sacrés, on en trouve trace dans les Evangiles :« ...qu’aucune prophétie de l’Ecriture ne procède d’une interprétation propre » (II Pierre I, 20).
Le « libre examen » protestant fut précisément une réaction de rejet face à ce type de précaution...
A noter qu’aucune hiérarchie de ce type (pas plus en Inde qu’ailleurs) n’est un absolu. Si elle « fixe » des limites au niveau horizontal (celui de la vie en société), elle n’en fixe aucun au niveau vertical, c’est-à-dire que n’importe quel lambda est libre de solliciter l’attention d’un guide dont la charge sera de l’éveiller spirituellement, toute question d’appartenance de caste soigneusement tenue à l’écart. Ainsi, de parfaits bouseux analphabètes devinrent des saints dans le Christianisme, sans pour cela devoir passer par la case prêtrise. A contrario, la majorité des prêtres ne devinrent jamais des saints. En Inde, tout un chacun est libre de suivre les enseignements d’un guru afin d’atteindre l’Eveil.
Il me semble que, dans le Judaïsme, la constante opposition entre le formalisme des prêtres et le perpétuel rappel à l’ordre des Prophètes exprime quelque chose de semblable.
C’est toute la justesse du point de vue traditionnel : l’esprit étant supérieur à la matière et le véritable enjeu de l’existence étant la connaissance de Dieu, on ne transcende pas sa condition de départ par des moyens matériels (ascension sociale, succès professionnel etc.), mais par l’activité de l’Esprit auquel on se soumet. C’est par l’esprit que l’on « transcende » la condition humaine, dont on de libère « par le haut » (cf la distinction faite en Inde entre La porte des hommes et La porte des Dieux) de manière à devenir un « hors caste » véritable, c’est-à-dire un homme vraiment libre.