Merde au franglais : l’Académie française serait-elle devenue révolutionnaire ?
2 décembre 2019 05:39, par MivilleDire que l’anglais est une langue pauvre est inexact. C’est la langue avec la terminologie et plus généralement les dictionnaires les plus fournis parmi les langues européennes, et où les écrivains les plus connus tentent souvent d’embrasser la vastitude du vocabulaire et du répertoire d’expressions idiomatiques en tout genre. Mais voilà le hic, c’est aussi la langue où le parleur moyen, devant cet immense choix de termes qui s’offre à lui, se contente du vocabulaire actif le plus réduit, autant en mots qu’en choix d’expressions idiomatiques, or, ce vocabulaire assez pauvre varie du tout au tout de classe sociale en classe sociale, de région en région et surtout de mode en mode.
L’anglais est séduisant pour un intellectuel étranger qui arrive assez facilement à se faire une langue personnelle assez riche et même souvent très belle parmi le choix qui lui est offert dont il a pris connaissance par ses lectures, mais il ne se doute pas que ce que l’anglophone moyen lui demande c’est de ne jamais outrepasser la richesse de langue à laquelle il a droit de par sa richesse financière. Un proverbe résonne constamment en sourdine : « If you think you’re so bright, how come you ain’t so rich ? ».
Le résultat auquel peu s’attendent pour l’anglais et qui fait que les jours restants de son bruyant triomphe sont petitement comptés c’est que la langue est en train de se fractionner comme l’Hindoustani s’est fracturé à jamais en Ourdou et en Hindi, justement à la suite de la partition de l’Inde : il y a la langue du parti démocrate qui tend de plus en plus vers le politically correct absolu et évacue tous les mots trop populaires le contredisant au profit d’euphémismes latinisants et polysyllabiques, et il y a en réaction l’anglais des états républicains qui cherche à éliminer tous les mots d’origine française ou gréco-latine à saveur trop humaniste, pour ne garder que les cris de guerre anglo-saxons les plus vikings d’aspect possible. Ces deux langues américaines ne se comprennent plus et ne veulent plus se comprendre sans compter les sous-fractions de chacune, si bien que maîtriser la langue de Mark Twain, de Dickens, d’Agatha Christie ou d’Orson Wells n’est plus un gage de réussite.
Cette fracture linguistique américaine qui progresse à très grands pas a également atteint la Grande-Bretagne bien qu’ils n’y engendrent pas les mêmes dialectes. L’Inde a aussi ses quatre variétés anglais. Résultat : il n’y a plus de terminologie scientifique commune.