Pierre Jovanovic – Banques : le sauvetage continue / Assurance-vie : le naufrage commence
15 janvier 2020 15:54, par nicolasjaissonLa comparaison de la politique monétaire actuelle avec celle de John Law est parfaitement grotesque. Dans un cas on monétise les actifs de crédit, dans l’autre on monétise la dette en faisant jouer l’effet de levier entre l’actif et le passif qui permet de gonfler artificiellement le capital par l’émission de dettes pour éviter la faillite. Les liquidités créées par les banques centrales sont un jeu de va et vient entre le bilan des banques et celui des banques centrales visant à conserver artificiellement la valeur des actifs bancaires de manière à préserver la solvabilité des banques et donc leur capacité à générer du crédit réputé indispensable au financement de l’économie.Les liquidités de Law ont permis à l’Etat de liquider la dette publique léguée par le règne de Louis XIV en la faisant racheter par la banque de Law qui s’en est servie comme collatéral pour financer le développement des colonies des Indes occidentales et orientales. Dans le cas de la FED et de la BCE, on change complètement d’échelle, dans un ordre de grandeur de un à un million. Le financement des entreprises passe loin derrière la "préservation" de la dette publique et le financement des lubies de la transition écologique et numérique qui ruine l’Europe, l’Allemagne en particulier (400.000 suppressions d’emplois annoncées dans l’industrie automobile dans la prochaine décennie). Il ne s’agit donc plus de développement capitaliste par la dette, mais du financement d’un système idéologique sans assise économique réelle, au nom de la préservation de la "planète", comme l’a expliqué Mme Lagarde qui veut réserver les faveurs des QE aux pays en ligne avec la lutte contre le changement climatique.Donc, rien à voir avec Weimar comme le prétend Jovanovic, qui n’a toujours pas compris la différence entre la monnaie fiduciaire et la monnaie électronique finançant les instruments de dette sur les marchés.Une simple comparaison entre M2 et M3 suffit pourtant à comprendre que l’hyper inflation monétaire à lieu sur les marchés et non dans l’économie réelle. Tant que les liquidités restent dans les canaux bancaires des banques d’investissement, le danger d’hyper inflation est écarté. Par contre, si la BCE monétise directement les dépenses publiques, la création monétaire artificielle va dans l’économie réelle sans création de la valeur correspondante. C’est précisément ce que Mme Lagarde projette de faire devant les protestations croissantes des banques allemandes ruinées par les taux négatifs.