On s’embrasse et on oublie #17 – L’emprisonnement d’Alain Soral
5 mars 2020 02:12, par JacquesLe premier devoir d’un magistrat n’est pas d’appliquer la loi. C’est de le faire en accord avec sa conscience. Et surtout de le faire en veillant à ce que la loi qu’il applique ne s’oppose pas à ce qui est justement le premier devoir du juge, de l’autorité judiciaire, - autorité et non pouvoir au terme de la Constitution, - celui de protéger en matière pénale le justiciable de l’arbitraire du Pouvoir et de ceux qui s’en réclament injustement.
C’est là le sens profond de l’indépendance des magistrats, et cette indépendance n’est pas l’irresponsabilité morale qui les dispenserait d’interroger leur conscience.
Ordonner d’incarcérer Alain Soral, à l’instar de ce qui fut fait voici dix ans envers V. Reynouard, au nom d’une loi que contestèrent lorsqu’elle fut promulguée de fort honorables personnes - qui eussent pourtant pu plus que d’autres s’en accommoder, - pour ce qui n’est qu’un ou plusieurs délits d’opinion et quoi qu’on pense du fond des sujets agités en ces occurrences, ce serait à l’évidence, et donc pour la seconde fois en France, en temps de paix, après la sévérité excessive des jugements, déroger à ce premier devoir.
À l’idée qu’Alain Soral puisse être mis en prison, et longtemps, plus longtemps que des condamnés pour des délits commis par la violence ou l’escroquerie, je ressens une vive honte pour les institutions de mon pays. Que ne partagent-ils, ceux qui ont la charge et l’honneur de les servir, le remords d’avoir fait droit hier par le jugement et de faire droit, demain peut-être, par la prison, aux injonctions des puissants qui parviennent à obscurcir les consciences !
Puissent la sagesse et la modération se frayer un chemin jusqu’aux palais de justice et sauver l’honneur de la République qui est en grand péril dans ces affaires !
Et pour finir, souvenons-nous du poète que la République naissante osa, aveuglée par la Terreur, assassiner, et disons : Toi, Vertu, pleure, si Soral est jeté au cachot !