L’histoire des restaurants McDonald’s ou le triomphe de la volonté
12 juillet 2020 17:52, par Bernard Lapotreon apprend que quelle que soit son extraction, sa couleur de peau, son âge, son look et sa gueule, on peut développer un talent personnel et y croire
C’est l’imposture libérale qui dissimule les réalités historiques, sociales et économiques (quand elle ne les détourne pas à son profit), pour imposer le grand cosmopolitisme intégral et narcissique des "talents" infinis et de tous les potentiels incompris.
MacDonalds n’est le génie d’un homme que dans cette vision individualiste de court terme (une vision non historique, incomplète et fausse) où on considère que le coup de génie, c’est que c’est ce gars là et pas un autre qui a su développer son business du fast-food.
La réalité c’est que MacDonalds, comme KFC ou Burger King, émerge aux États-Unis au milieu du 20ème siècle (et non pas au Japon en 1500, ni en Suisse en 2010, ni en Inde en 1750), parce que les conditions historiques, économiques, sociales et géographiques conduisent nécessairement à l’émergence de ce type de distribution alimentaire (basé sur la standardisation, la productivité et l’addiction du consommateur).
Il se trouve que Ray Croc incarne partiellement ce développement, mais si ça n’avait pas été lui ça aurait été un autre.
Une anecdote qui illustre parfaitement cette analyse, c’est le co-fondateur de KFC, ingénieur en machines d’électroménager, inventeur de la machine à frire le poulet, qui permit au colonel Sanders de démultiplier la productivité de ses établissements et de basculer du statut de snack routier à future multinationale.
Où l’on comprend que le développement des fast-food n’est pas le résultat de créativités individuelles mais l’agencement de tout un contexte technologique, culturel, social, à un instant donné du développement capitaliste, qui le rend non seulement possible mais nécessaire.
Il en est exactement de même pour tout autre "success-story".
Dans la même veine, Blablacar est dépeint comme une génialissime entreprise numérique qui bouleverse la société. C’est ne rien comprendre au fait que Blablacar n’est qu’un symptôme particulier et nécessaire de la dévoration cybernétique du Capital qui infiltre toute la sphère intime des gens par le grand mouvement général d’ubérisation. Il se trouve qu’il y a des Frédéric Mazzella et des Xavier Niel pour incarner personnellement ces mutations.
Adrien Sajous dirait exactement la même chose sur les jeux vidéos.