Tradition et Modernité : deux systèmes de valeurs en opposition radicale ?
3 mars 2021 19:25, par Katam KaraniyamCette science surnaturelle, le Bouddha au contraire l’obtient sous l’Arbre (qui est ici l’Arbre de la Bodhi, i.e. de l’Illumination), en dépit des efforts de Mâra : le Bouddha qui, comme le veut une autre tradition, aurait réussi à arracher la foudre au dieu Indra.
Tertullien dit que les œuvres de la nature « maudites et inutiles », les secrets des métaux, la vertu des plantes, les forces des conjurations magiques et ces « étranges doctrines qui vont jusqu’à la science des astres » - bref, le corpus des anciennes sciences magico-hermétiques - fut révélé aux hommes par les Anges déchus.
Entre les Ben Elohim, les anges déchus descendus sur terre sur le mont Hermon, dont il est question chez Enoch, cette race des Éveilles et des Vigilants dont on parle dans le Livre des Jubilés, qui descendirent instruire l’humanité – de même que Prométhée enseigna tous les arts aux mortels – il existe une correspondance visible. Il y a plus : dans Enoch, Azaël « qui séduisit aussi Eve », aurait appris aux hommes l’emploi des armes qui tuent – id est : leur aurait insufflé l’esprit guerrier.
On sait quel est, à ce propos, le mythe de la chute : les anges furent pris de passion pour « les femmes ». Nous avons déjà expliqué ce qu’est la « femme » dans sa relation avec l’Arbre ; c’est dans le même sens que le terme sanscrit çakti a été employé métaphysiquement soit pour la « femme » du dieu, pour son « épouse », soit pour sa puissance.
Ces anges furent donc pris du désir de la puissance (les Titans), en s’unissant à elle ils tombèrent ; de cette union naquirent les Nephilim, une race puissante, allégoriquement décrits comme des « géants » - mais révélés dans leur nature surnaturelle par les paroles du Livre d’Enoch : « Ils n’ont pas besoin de nourriture, ne souffrent pas de la soif, échappent à la perception matérielle ».
Dans le dénouement négatif de l’aventure d’Adam, le dieu hypostasié qui n’a pas su l’empêcher d’accomplir le premier acte, réussit pourtant à le paralyser pour la seconde possibilité : l’accès à l’Arbre de Vie est barré par l’épée flamboyante de l’ange.
Le mythe titanique de l’orphisme a un sens analogue : la foudre abat et dessèche d’une « soif, dont le consume » ceux qui ont « dévoré » le dieu – soif, dont le vautour qui ronge Prométhée, peut être considéré comme un symbole équivalent.
Evola, "La tradition hermétique"