La lâcheté, depuis 1940, une spécialité française ?
28 avril 2011 21:02, par antekJe suis moi aussi encore à Tokyo, et je ne trouve absolument pas stupide d’avoir quitté le pays. J’y suis parce que j’y ai des choses à faire auxquelles j’ai accordé une grande priorité, mais il est ridicule de critiquer ceux qui ont pris la lourde décision de partir. Ce n’est pas amusant de quitter ce pays sublime (bien sûr que j’aime mon pays, là n’est pas la question), ses amis, sa situation, etc. De plus il me semble que lorsque le risque est incalculable (notamment par manque d’information ; je ne parle pas des balises à Tokyo qui indiquent ce qu’il faut indiquer pour ne pas alarmer les gens mais de toutes les autres mesures qui ne sont jamais rendues publiques) ou tout du moins incertain, en particulier que la perspective d’être leucémique à 30 ans n’est pas à exclure, il est naturel de se déplacer ailleurs. Notre ami le blogueur nous assure que les Japonais prennent nos compatriotes qui se sont réfugiés en France pour des lâches, c’est absolument faux, la plupart des gens à qui j’ai parlé (et on ne parle que de ça ici) comprennent que les étrangers partent et partiraient eux aussi si c’était facile, par exemple si la famille vivait ailleurs, et si les règles sociales ne rendaient pas si difficile l’absence au bureau. En réalité ce sentiment est parfois palpable chez les étrangers qui sont restés (souvent par obligation), une espèce de fierté telle qu’ils en ont conçu de la haine ou du mépris pour le réfugié. Bien sûr ce n’est pas le cas de tout le monde.
Je suppose que si l’alerte était donnée par le gouvernement japonais (rappelons que la consigne de quitter les lieux n’a été donnée que par les ambassades de certains pays, jamais par le gouvernement japonais), les Japonais eux-mêmes quitteraient docilement Tokyo dans l’ordre, ce que notre ami oublie de suggérer. Beaucoup de Japonais de province ont rejoint leur famille, comme l’a indiqué fabrice dans un autre commentaire (je n’ai pas connaissance de Japonais ayant quitté le Japon par contre). Et, étant étudiant je connais bien la composition habituelle des légions étrangères à l’université, ce ne sont pas les Français mais les Chinois et Coréens qui ont pour la plupart quitté le Japon, ce qui est bien compréhensible vu que leur pays est bien proche. J’ajoute que sans souscrire à l’irritation de Fabien (dans un autre commentaire), il est vrai que le Japon est redevenu "pur" dans le sens où tous les connards d’Américains venus pour le tourisme sexuel et autres visiteurs de basse extraction se font rares. C’est un bonheur de visiter les temples de Kyoto en étant le seul gaijin ! Ne restent plus que les purs et durs, les tatoués si je puis dire.
Par ailleurs, il est dit que "les gens vivent au ralenti". C’est faux, les gens travaillent exactement comme d’habitude, Tokyo n’a absolument pas changé d’atmosphère, les gens vaquent toujours à leurs occupations comme si rien n’était arrivé, et simplement l’on s’interrompt lors d’une conversation quand un séisme a lieu. La ville est un peu plus sombre que d’habitude la nuit car tout le monde obtempère aux demandes du gouvernement de réduire la consommation d’électricité, mais sans ça la ville tourne à plein régime. Il y a une petite tendance à la désertion des restaurants après le travail, car les gens veulent éviter de dormir dehors en cas de séisme tel que les trains seraient à nouveau arrêtés, mais elle s’estompe.
On ne sait pas de quoi demain sera fait, et je ne crois pas qu’il y ait lieu de respecter particulièrement ceux qui sont restés ou d’attaquer ceux qui sont partis.