En tant que directeur d’une école de musique je peux vous dire que c’est ma hantise. Devoir faire face à ce genre de problèmes avec un prof délinquant sexuel.
Ceci dit, nos élèves nous vénèrent beaucoup. Ils ont une telle admiration envers la musique et ceux qui la comprennent et qui l’enseignent. C’est proprement fascinant. La plupart du temps je réponds aux élèves qui nous tressent des lauriers : « c’est un métier, comme boulanger et plombier. Je n’installe pas des cuisines, ni ne nourris le corps. Mon métier c’est de nourrir l’âme, de stimuler l’esprit. »
Mais je vois bien la force de la musique, la puissance de la fascination, on parle technique bien évidemment, mais aussi de logique, d’anticipation, de respiration, de temps, de nuances, de toucher... voilà ce dernier mot qui semble être anodin. Mais pour faire comprendre le toucher, la souplesse il faut bien à un moment donné toucher l’élève, ou qu’il nous touche, et c’est là qu’est le problème.
Nous ne sommes pas une société du toucher, comme le sont les sociétés méditerranéennes. Nous ne savons pas trop faire. Nous y mettons beaucoup de fantasmes, puisque nous ne sommes pas coutumiers de la chose.
Bien sûr, en tant que prof, je suis amené à « toucher » les élèves. Je les redresse, je leur demande de poser leur main sur la mienne, je pose ma main sur une épaule. Évidemment ce sont des gestes qui n’ont qu’un seul but : faire ressentir le mouvement, ou mettre le corps de l’élève en bonne posture. Il m’arrive même de toucher leurs pieds. A aucun moment il n’y a d’ambiguïté.
Le professeur ne doit véhiculer aucune ambiguïté. Les gestes sont sûrs, pensés dans un but : l’amélioration, sans gêne.
J’ai déjà vu des élèves adolescentes revenir le cours en séduction. Au début de ma carrière je ne comprenais pas. Heureusement j’ai eu les meilleurs conseils d’une amie psy. La bonne distance, et quand la tenue de l’élève est outrancière (une fois en 20 ans), demander poliment de se vêtir convenablement. J’exerce, et doit te toucher, je demande toujours avant si l’élève le permet. Jamais sans son accord (100% d’accord jusqu’à présent).
Anecdote : une fois, je me penche par dessus l’élève et ne peut m’empêcher de joindre mes mains aux siennes pour corriger, moi debout derrière et l’élève assis au piano. Sa surprise fut telle que l’élève sursauta et me mis un coup de tête dans la mâchoire. Je n’avais pas demandé ni prévenu. C’était trop intrusif. Punition ;-)