Alexandre Douguine : "La Russie est en train de créer un champ de résistance mondial"
5 mars 2022 10:47, par nicolasjaissonUne résistance constructive entre partenaires égaux en droits devrait se traduire par une coopération, voire même une intégration accrue de leurs économies respectives. Dans l’état actuel des choses, les parties dévastées de l’Ukraine devraient être soutenues par une sorte de plan Marshall, si l’Ukraine dotée d’un nouveau gouvernement décide de rejoindre la Fédération de Russie. La question du retour des réfugiés dans des villes plus dévastées qu’on ne le dit, va se poser avec une acuité accrue, dès lors que des millions d’Ukrainiens seront associés aux destinées de la Russie. Actuellement ce sont les banques européennes qui sont installées en Ukraine avec le soutien financier actif de la BCE/FED et des bailleurs de fonds internationaux. Dès lors que les sanctions coupent les banques russes des circuits financiers contrôlés par l’Occident, la Banque centrale de Russie devra trouver des moyens alternatifs de financement reposant plus sur le rouble que sur les devises dont l’accès lui est interdit. Il s’agit donc ici d’un complet renouvellement des structures de financement de la fédération de Russie qui ne pourra pas se contenter du capital public alimenté par les revenus des matières premières et autres hydrocarbures, mais va devoir pratiquer une politique monétaire expansive de manière é développer, non seulement le secteur d’Etat mais aussi l’économie privée, étant bien entendu qu’uns socialisation complète ne fait pas partie des vues de Poutine. Du temps de tsars se sont les capitaux dette émis par les banques européennes qui ont financé le développement de infrastructures et de l’industrie russe. La dette privée en rouble va devoir passer par des intermédiaires russes ou assimilés. On se prend déjà à rêver d’un plan Marshall diligenté par la banque centrale de Russie sous la forme de crédits en rouble qui seront transformés en capital d’entreprises privées chargées d’assurer la reconstruction de l’Ukraine et de mettre en place un système de crédit en roubles dans ce même pays. Ce crédit en roubles financé par la monnaie primaire russe permettrait de reconstituer les échanges avec la Russie et donc de créer un cercle vertueux d’enririchissement mutuel. Mais pour cela il faut que l’Etat russe accepte de desserrer la bride au capital privé et donc de sortir du schéma de l’économie planifiée centralisée qui a fait maintes fois la preuve de son inefficacité à long terme. Il s’agit donc pour Poutine d’une fenêtre d’opportunité historique de redressement.