Est-ce que cette dénomination de « méthode de Harvard » ne serait pas un peu l’usurpation des « quaestiones disputatae » et « quodlibet » pratiquées en Sorbonne par saint Thomas d’Aquin avec ses étudiants, lors des douces après-midi parisiennes du XIIIe siècle ?
« La journée de saint Thomas se partageait en deux, le matin très tôt, il faisait un cours de deux heures, un cours magistral... et l’après-midi, il revenait vers ses étudiants... et donc il faut se représenter une méthode de pédagogie active : le maître, assisté de son bachelier et entouré de ses étudiants, propose un thème à la discussion... et ce thème, très vaste, est divisé en sous-thèmes, en sous-questions... Et chacun de ces points est soumis à la discussion : alors certains étudiants sont nommés pour avancer des objections à la première question qui est proposée et d’autres sont au contraire chargés de répondre à ces premières objections... le maître à ce moment-là, une fois que cette mise en train est terminée, le maître alors propose la determinatio magistralis... la réponse qui est censée mettre en place tout ce qui est sorti de façon plus ou moins confuse de la discussion précédente... Ce procédé a l’immense avantage de faire participer activement les étudiants et en outre de fouiller les moindres recoins de la question... Le texte qui résulte de là se révèle comme une espèce de reflet de la discussion intellectuelle du temps... Et il y a parmi les questions disputées ce qu’on appelle les quodlibet, qui à ce moment-là étaient des discussions publiques, devant les autres maîtres s’ils avaient envie d’y venir, mais devant tout autres étudiants que ceux de saint Thomas... et là on pouvait interroger sur n’importe quoi... c’est un reflet parfait de la vie universitaire... »
Ne pourrait-on pas l’appeler plutôt « méthode de la Sorbonne » ? Ou serait-ce abusif ?
Cet enseignement comprend à la fois le « cours magistral » et le « séminaire de recherche », il inclut les deux et ne suppose pas que l’un des deux suffirait à lui seul et mériterait de rejeter l’autre.