Les Lectures de Camille #3 – Qu’est-ce que le fascisme ? de Maurice Bardèche
17 juin 2022 13:12, par RienLe fasciste s’interroge : entre Spartes, Athènes, Corinthe, quel est le meilleur des régimes ? C’est sa question : la position « réaliste ».
Le philosophe le reprend : pourquoi le possible devrait-il se limiter à ce qui a été ? Posons une autre question : de ce qu’il nous est permis de concevoir dans les limites de notre monde, quel est le meilleur régime possible selon la raison ?
Le fasciste le reprend : tu délires, le réel est hermétique aux discours. Les choses, dit-il, ne cesseront jamais d’être les mêmes ; les forts resteront forts, les faibles, faibles, ruse et violence demeureront et la raison – qui a perdu son dieu – n’y pourra rien.
Le philosophe le questionne : à l’heure, comme le dit Nietzsche, où l’homme est parvenu à « la domination complète de la terre », que suggères-tu pour le redresser et, que suggères-tu, après de Maistre, pour déterminer le juste sacrifice que réclame l’effusion de sang ? Quelle pensée pourra accompagner l’homme qui désormais domine l’étant en son entier ? Que proposes-tu ? Quelle est ta position si elle n’est pas comme chez Nietzsche ou Céline, le renoncement au commun qu’implique la politique et le renoncement à la raison comme norme du juste ? Autrement dit, que signifie – politiquement parlant – fascisme ?
Le fasciste répond : le fascisme est la répétition de tout ce qui a été grand.
Le philosophe reprend : alors pourquoi ne pas admettre la raison comme le plus grand de l’homme ?
Le fasciste : parce que la raison a trahi – de Maistre, Nietzsche, Kafka, Boulgakov, Schmitt et Heidegger – et s’est révélée être le pire de l’homme. Aussi est-ce en tant que pire que ce à quoi elle s’oppose représente nécessairement un meilleur qu’elle. Son opposé est la tradition et c’est en ce sens que la position fasciste est la position irrationnelle et traditionnelle : la position obscure.
Le philosophe : supposons que la tradition soit ce qui a toujours été. Que veux-tu, parmi toutes les choses qui ont toujours été, répéter ? Veux-tu répéter dieu contre la volonté de ceux qui existent et qui pensent qu’il est mort ?
Le fasciste : je veux répéter ce qui a été de plus grand.
Le philosophe : alors dis-moi comment ; comment, sans la raison, pourras-tu démontrer la grandeur de ce que tu tiens pour avoir été le plus grand ? Qui peut savoir ce qui a été le plus grand ? Faut-il en appeler à l’homme dont les valeurs sont les plus grandes pour ordonner l’avoir-lieu de ce qui a été le plus grand ?