Le Fils, c’est le moment – assez bien saisi par Hegel – où cet universalisme des Maîtres trouve son pendant dans un universalisme des Esclaves : comme la virtualité de l’empire unique a conduit à l’idée de monde unique, c’est que ce monde doit aussi être peuplé par une unique humanité, chapeautant castes de Maîtres et castes d’Esclaves.
Le Fils, c’est le fils du roi, Dêmophóôn comme dans l’Hymne à Déméter, et comme dans tous les mythes. Ou la fille du roi, Iphigénie ou une autre. Ce n’est jamais n’importe quel fils. Et si c’est un roturier ou un esclave, c’est en substitution du fils du roi, et substitution qui demande encore tout un travail rituel. C’est pour ça que le Fils est appelé le Christ, l’Oint, celui qui a été royalement sacré... L’onction, c’est un rite royal documenté depuis Sumer, ce n’est pas pour les esclaves. Et c’est pour cela que les baptisés reçoivent à la fois une onction d’huile sainte, de Saint Chrême, et une vocation de « Prêtre, Prophète et Roi ». Tous les baptisés sont séparés de la foule, isolés, singularisés, et appelés à réaliser une vocation royale. Il doivent être le « un » du commencement... C’est pour cela qu’on nous appelle Monsieur (Mon Seigneur) et que dans le monde d’après, on veut nous dire « bonjour » comme à des esclaves...
« la période post-révolutionnaire, étant post-chrétienne, est aussi post-religieuse en général »
Ca non plus, ça ne tient pas la route. Il n’y a pas de “post-religieux”, c’est le religieux qui revient sous une forme qui n’est même pas nouvelle, mais oubliée. Nos crétins de contemporains sont aussi religieux qu’à la préhistoire, mais ils ne le savent pas... ce qui est quand même une magnifique régression...