La Libre Antenne #29 – Entretien avec Xavier Moreau
26 octobre 2022 18:01, par pascal gillardinRectification de la propagande de l’OTAN quant à la prétendue volonté démocratique du pouvoir nationaliste de Kiev.
Le site officiel du bataillon Azov se montre riche d’enseignements.
Il offre un festival d’écrits ouvertement racistes et russophobes d’une autre époque.
Les textes y tentent pourtant de rester politiquement corrects ; on imagine alors la teneur du contenu autocensuré, sachant que certaines thèses résiduelles publiées frisent l’incitation à un génocide antirusse, ciblé sur le Donbass.
Il ne s’agit pas ici d’une troupe de marginaux "friands d’un folklore de goût douteux" (comme parfois présentée) ; ce régiment d’élite symbolise la gloire de l’ensemble de l’armée ukrainienne mais aussi d’une bonne part, ultranationaliste, du peuple pro-Kiev ; les convictions idéologiques de leurs membres se lisent page par page comme profondément muries et ancrées.
La référence affichée à l’ancien auteur Julius Evola et sa tradition "aryo-nordique", ainsi que le projet politique traditionaliste particulier (élitiste, aristocratique et anti-démocratique) présenté sur le site ne sont pas l’œuvre de citoyens ordinaires (ni inspirés de la culture de simples militaires). Ces idéologies pointues et prémodernes émanent d’une élite intellectuelle, discrète sinon occulte, férue d’une Histoire non-populaire et qui ne se limite pas à gérer une troupe militaire mais porte manifestement des ambitions sociétales nationales exacerbées.
Les partisans de telles idéologies traditionalistes quasi mystiques, récurrentes dans l’Histoire (surtout dans la première moitié du siècle dernier, suite aux désillusions croissantes de la modernité), sont généralement assoiffés de pouvoir et habitués aux intrigues politiques, notamment via des sociétés ésotériques initiatiques vouées à infiltrer les hautes sphères de la société.
Il est instructif de constater que Zelensky, acteur mondain à facettes, a magistralement retourné sa veste (d’abord pacifiste et prétendument démocratique de "serviteur du peuple", avant son élection), virage plus précisément visible durant son sabotage du processus de Minsk (contraire aux idéaux ultranationalistes d’Azov), pour adhérer intimement depuis à l’idéologie, guerrière et jusqu’au-boutiste, présentée sur le site du régiment.
Son déguisement kaki, ubuesque chez un membre de la petite bourgeoisie urbaine, d’autant plus pour un chef d’Etat, participe visiblement de cette familiarité lisible avec Azov.