Le ton monte entre Paris et Téhéran
17 novembre 2022 22:24, par Roland de Roncevauxdans une conférence publique il y a un ou deux ans, le Général Lecointre (alors CEMA) a déclaré ceci à quelqu’un qui lui demandait quels étaient les adversaires potentiels de la France pour une guerre de haute-intensité. Après un temps d’hésitation sur l’opportunité ou non de répondre en public, le Général s’est laissé aller à cette confidence :
"la Russie est traitée par l’OTAN. La France aurait pour adversaires la Turquie et/ou l’Iran".
Il suffit d’observer la montée régulière de nos tensions avec ces deux pays depuis 24 mois... On y va tranquillement.
La France est pré-positionnée militairement en Roumanie (sous couvert de crise ukrainienne), en Irak (programme "post-chammal"), et géopolitiquement en Grèce (contrats Rafale + accords de défense bilatéraux), au Liban (historiquement) et en Géorgie (la présidente géorgienne est une citoyenne française). Et il me semble qu’on a commencé à agiter 2 ou 3 pions même à Chypre (les Anglais pourraient prêter leur base militaire qu’ils ont sur place).
La France et la Grèce qui sont cataloguées "russophiles" par l’OTAN, donc pas en première ligne dans le Donbass. A la place, elles pourraient donc être envoyées au carton contre la Turquie. La Grèce a un contentieux historique et territorial avec la Turquie, et le bidasse français pourra "casser du musulman" mais sans taper du maghrébin cependant (afin de préserver la cohésion nationale). C’est peut-être le calcul glauque et cynique de nos dirigeants impériaux. Comme en plus, la Turquie et la France s’affrontent déjà sur plusieurs terrains impériaux : Liban, Syrie, Libye, Niger (accords de défense turco-nigériens), Sahel, etc. L’accord bilatéral de défense franco-grec permettra de combiner une présence de la Turquie dans l’OTAN tout en lui faisant la guerre en bilatéral par le proxy franco-grec. Du "en même temps" mitonné par le pentagone ! Pour allumer la Turquie il y a les contentieux territoriaux en mer Egée, la question chypriote, la question kurde, la question arménienne (ou Macron garde un pied, même si en ce moment c’est Moscou qui y domine), et si ça suffit pas les querelles impériales en Afrique.