Nouvelle définition du crime de guerre : un missile russe sur une centrale électrique
18 novembre 2022 15:15, par Roland de Roncevaux"tout ce qui est excessif est insignifiant" , comme disait Talleyrand. Le "progressisme" devient insignifiant.
Il ne faut pas confondre le droit et la morale, sinon c’est la mort de la saine liberté. Au plan moral, toute guerre est un "crime". Mais pas au plan du droit (il y a des guerres "justes").
D’ailleurs, toute guerre est généralement justifiée. On ne fait pas la guerre "en l’air". C’est simplement qu’on ne reconnait pas les motifs de l’autre.
Le Général Desportes, qui a travaillé à l’Otan, explique bien cette différence de la conception de la guerre entre Français (conception classique) et Américains (conception morale). Le Français fait la guerre à un adversaire, dans le but d’obtenir un nouvel équilibre. La guerre est un dialogue, certes terrible, mais dialogue quand même. "L’autre" existe. L’Américain fait la guerre "au mal". On ne négocie pas avec le mal, on l’éradique. "L’autre" n’existe pas.
Quand Obama a annoncé la mort de Ben Laden il a déclaré : "justice est faite". Ben Laden a été tué comme ennemi, selon le fait de la guerre. Il n’a pas été condamné en justice à l’issue d’un procès. Confusion.
Ajoutons que la guerre est par définition "en-dehors du droit". C’est précisément un moment où les parties redéfinissent le nouvel équilibre des rapports de force, et donc le nouvel équilibre du "droit" dans la période suivante. La guerre c’est comme un coup-d’état : illégal par nature.
Mettre la guerre "hors-la-loi" n’a donc aucun sens. C’est même pire, car cela revient à confondre droit et morale. Et en fait, nier à l’autre la moindre légitimité dans ses motifs. Celui qui met la guerre hors-la-loi c’est forcément la puissance impériale, le léviathan, le super-état (de même que l’état interdit la violence privée sur son territoire). Mettre la guerre hors-la-loi est un concept fondamentalement mondialiste, et en l’occurrence impérialiste (un état mondial dirigé par les Américains dans la pax americana).
Le psychanalyste français Lacan (qui n’a pas que dit des conneries) parlait de "forclusion du nom du père" pour la psychose. C’est-à-dire que "l’autre", le "réel" (le principe du père) n’était pas simplement refoulé mais forclos, c’est-à-dire non traité psychiquement, fût-ce de manière névrotique. Ce réel ne pouvait refaire surface que sous forme du délire. A notre époque, le "progressiste" voit le réel revenir sous forme de "délire" (attentat diversitaire, Poutine, Trump, Gilet-Jaune...) : il ne comprend pas.