De l’effondrement progressif du niveau musical
8 mai 2023 07:03, par Vincent Antoine
Le déclin musical s’accompagne du fait qu’on s’est mis à qualifier de musique tout et n’importe quoi. Il y a une indifférenciation, là comme dans d’autres domaines, qui contribue à égarer beaucoup de gens. Une logique commerciale est en cause, c’est certain. Mais au-delà des mécanismes de nivellement par les principes aveugles du marché, on ne peut pas exclure l’hypothèse de l’utilisation du vecteur musical comme d’une forme d’ingénierie sociale, quand, par exemple, on voit certains témoignages sur les conditions d’émergence du rap aux Etats-Unis dans les années 80, émergence qui n’aurait rien de spontané. Abêtir les masses, c’est tenir les masses. Ce tout-musical est illustré par la "Fête de la musique", instaurée par Jack Lang il y a quarante ans. Le tout-musical, c’est la bande-son du système, depuis le moindre supermarché jusqu’aux grands attroupements festivistes. Dans ce contexte, le rapport des personnes aux sons s’est transformé. Le silence n’est plus la condition de la musique, mais une anomalie que le "bruit musical" viendrait supprimer.