De Platon au Christ : entretien avec Camille Mordelynch
26 mai 2023 16:42, par ClemensC’est un temple qui accueille notre âme.
Platon ne dit pas cela (être philosophe, c’est aussi citer correctement les penseurs), il dit et répète que le corps est le « tombeau » de l’âme (Gorgias 493a, Cratyle 400c, Phèdre 250c). C’est Jésus qui dit que le corps est le temple de l’âme : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. » (Jean 2, 19), pas Platon.
L’idée chrétienne de la résurrection des corps est la plus anti-platonicienne qu’on puisse concevoir.
Et c’est parce que le christianisme affirme la bonté du corps que la vie éternelle est selon lui une vie avec le corps. Bonté de la création et résurrection du corps vont ensemble.
Mais pourtant l’instinct mystique de Platon ne l’empêche pas de mieux parler du corps et de la vie sensible que la plupart des matérialistes contemporains. La moindre page de Platon reste plus méditerranéenne, bercée du chant des cigales, parfumée par les îles ioniennes, plus sensuelle que n’importe lequel des textes d’un triste Feuerbach et des barbus allemands du XIXe siècle...
Platon porte en lui, malgré lui, toute la sensualité méditerranéenne, et s’il doute de la bonté du monde, le christianisme balaie ce doute et affirme la bonté de la création, comme saint Augustin embrasse le christianisme après avoir été successivement gnostique (le monde est mauvais et création d’un dieu mauvais) puis platonicien.