Turquie : Erdoğan dévoile son nouveau gouvernement
4 juin 2023 20:14, par Vive la FranceErdogan est au pied du mur de réalité . Seul un miracle économique peut lui permettre de se maintenir au pouvoir. Ses chances de l’accomplir relève de l’impossible. Mais la politique, n’est-ce pas l’art de l’impossible ? Il va falloir le tenter dans une Turquie où le pouvoir d’achat est gangrené par une inflation de 30 à 60 % alors que le salaire minimum n’est que de 220 Euros par mois. Comme en France, le taux d’intérêt réel est négatif. Il s’agit d’un faux taux qui est administré, en dehors du marché, pour permettre aux agents privés d’emprunter à moindre coût. Cette politique,voulue par Erdogan,renchérit les importations et creuse le déficit commercial sans que les dévaluations successives de la livre turque ne permettent d’engranger un réel surplus de devises lié à une recrudescence du tourisme. Erdogan a pu gagner la confiance des électeurs en s’alliant avec une frange de la droite nationaliste. Comme chacun sait, la confiance fluctue et chancelle au gré des performances économiques. La finance mondialisée vole toujours au secours de la victoire.Erdogan sera amené à pactiser avec les banques,qui, en spéculant contre la monnaie, vont acculer la Turquie à devoir choisir l’alternative entre la soumission aux intérêts géopolitiques atlantistes et accepter de rejoindre le camp des partisans de la dédollarisation. Le président ne pourra pas naviguer entre ses deux options car sa marge de manœuvre est étroite. Le financement d’une politique de relance keynésienne par la poursuite et l’amplification des grands travaux d’infrastructures engagés vont,en fait, accroître la dépendance de la Turquie vis-à-vis de ses prêteurs, notamment les banques d’investissements qui seront tentées d’attaquer la livre en cas de dérive marquée des dépenses publiques. Fort heureusement, l’Etat turc dispose d’un atout de poids avec une dette publique inférieure aux critères de Maastricht. Si la relance venait à stabiliser la livre et réduire l’inflation par les coûts des produits importés, Erdogan pourrait baisser les impôts sur les entreprises afin d’engendrer un cercle vertueux des exportations, facteur de créations d’emplois. Il est de l’intérêt vital des européens d’avoir une Turquie prospère aux frontières de l’Europe afin de ne pas être confrontée à l’immigration que pourrait entraîner une paupérisation accrue des classes populaires qui ont misé sur le redressement économique. En Turquie, le panier de la ménagère a en effet augmenté de 50 % en 18 mois et le niveau des salaire