L’école : conquête républicaine ou oeuvre royale ?
5 juillet 2011 07:22, par Brath-zIl ne faut pas avoir une vision trop onirique de ce que fut "l’école royale". Si durant le bas moyen-âge et jusqu’au début du XVIème siècle (c’est-à-dire avant la mise en place d’une véritable politique d’instruction publique) la France était très probablement le premier pays européen pour ce qui était de l’instruction des habitants, elle a été à la traîne pendant toute la période moderne.
En fait, de tous nos rois, seul Louis XI avait eu une véritable volonté d’instruction publique massive. Il voulait que tous ses sujets parlent et écrivent le français et connaissent le souvenir glorieux des grandes figures du royaume. En somme, ce que les lois de la IIIème République ont finalement accompli.
Quant à la Révolution française, elle vit pour la première fois surgir l’idée d’un droit à l’instruction. Mirabeau, Grégoire, Lepelletier et Condorcet ont chacun été à l’origine d’un plan sur l’éducation, le dernier étant retenu, quoiqu’amendé (notamment par Grégoire, qui parvient à obtenir le principe de l’enseignement en langue française). Ce plan crée pour la première fois une école primaire gratuite et obligatoire, qui connaîtra un début de mise en œuvre dès 1793 (malgré la guerre) avant d’être interrompu en 1795, peu après le vote de la constitution de l’an III. L’idée du plan Condorcet n’est absolument pas de "créer un homme nouveau" mais de donner accès direct aux citoyens à la connaissance, suivant leurs capacités individuelles. Si ce parti-prit est contestable, il est également aux fondements de l’école de Guisot (dont la mise en œuvre est restée largement marginale, raison souvent tenue pour responsable du "retard à l’alphabétisation" de la France au XIXème siècle, quand le Royaume-Uni, la Prusse ou même l’Espagne accomplissaient dans ce domaine des progrès stupéfiants).
C’est la réforme Ollivier (dernier chef du gouvernement du second Empire) de 1871, qui comprenait un volet sur l’école et un autre sur l’armée, que les gouvernements de Ferry, Gambetta puis Freycinet vont reprendre en 1881-1882, intégrant en plus de la gratuité de l’enseignement primaire son obligation. Quant à l’objectif politique des lois Ferry, il était dirigé tout autant contre les monarchistes (déjà très minoritaires et en passe de devenir marginaux, quoiqu’on dise) que contre les "rouges", communeux, socialistes et partageux, dont la montée en puissance culmina avec la Boulange (mouvement d’extrême-gauche réuni autour du "radical-socialiste" Boulanger, général républicain).