Pier Paolo Pasolini avait tout dit de notre époque actuelle – et encore nous ne savons pas tout de ces affaires dites de mœurs, qui en réalité dépassent les mœurs ... – avec Saló ou les 120 journées de Sodome. J’ai vu le film au 7e Art, une salle dédiée aux films d’auteurs à Rouen, rue des Carmes. Il en existait dans les années 70 ! En 1975, date de sa sortie, je n’avais que 21 ans.
Me souviens qu’au premier rang des spectateurs ont quitté la salle. Le public français entre les années 60 et 80 disons, n’était encore pas habitué aux films d’horreurs, ni aux scènes de cruauté dans des films d’auteurs.
Déjà réfractaire à pas mal de choses dans cette société en marche vers le consumérisme, l’après68, bien que docile en apparence mais en marge et en pensées dissidentes en germe, déjà, je découvrais à travers Pasolini une belle âme.
J’ai vu quasiment tous ses films dont « L’Evangile selon Matthieu » et quelques-uns de ses romans. « Écrits corsaires » aussi. Sa biographie par René de Ceccati..
Je n’ai jamais revu Saló hormis quelques extraits. Mais ce film m’a hanté pendant plusieurs années alimentant mes réflexions, orientant mes lectures sur les hommes et femmes de pouvoirs, comment l’état totalitaire parvient à dresser les êtres, corrompre les âmes. J’ai effectué mon service militaire en 77/78, j’avais donc déjà des outils d’analyse sur les petits chefs, au sein de l’institution.
Étonnant, « Saló » est disponible gratuitement sur des zones de téléchargement alors que les autres films de Pasolini, n’y sont pas. Il est aussi passé sur des chaînes de TV.
Un certain cinéma a une fonction initiatique et d’éveil au Politique pour qui s’en donne la peine dont ceux « de la pilule rouge ».