La guerre en Ukraine est une guerre multi domaines et multi vecteurs faisant appel aux dernières technologies mises au service de l’art de la guerre, qui n’est en rien comparable aux conflits précédents, même ceux de nature hybride, tellement l’échelle de grandeur a évolué. Donc, quand on analyse un conflit de ce type, il faut se débarrasser de prime abord des schémas classiques, tels que les effectifs globaux ou les gains territoriaux, qui ne sont que des variables parmi d’autres, qui doivent être relativisées eu égard aux avancées dans des domaines non militaires stricto sensu. Par exemple la désagrégation de la chaîne de commandement fait partie de la stratégie ukrainienne, compte tenu de l’organisation des forces armées russes et de leurs modes de recrutement. Il est bien évident que l’importance prise par les armées privées court-curcuitant les structures de commandement classiques sont un élément fondamental à prendre en compte. Or les affrontements entre les forces régulières et mercenaires ne cessent de se multiplier, tout comme les cas de rebellion des conscrits victimes de l’incompétence d’officiers supérieurs sans réelle expérience du terrain, autre que celle de la docilité administrative vis à vis des autorités civiles. La guerre de partisans joue également un grand rôle avec la multiplication des réseaux souterrains, qui permettent des actions de sabotage ou de destruction au fond de la Russie, dont les usines d’armement ou les infrastructures de transport ou de l’énergie sont autant de cibles potentielles. Pas une semaine ne se passe sans qu’une usine ou un dépôt ne parte en fumée sur le territoire russe. Les drones sont une arme de choix pou entretenir la terreur dans la population civile. Les détournements des cadres qui passent à l’ennemi font aussi partie de la stratégie de la destruction intérieure. L’échec des Kinzhal a été suivie de l’arrestation de trois scientifiques de haut niveau pour trahison. Récemment un MI-8 rempli de pièces détachées pour la fabrication des chasseurs russes est passé du côté ukrainien, du fait de la défection d’un des pilotes. Les autres membres d’équipage ont été abattus. Donc les effectifs et la force de feu ne font tout face à un adversaires intelligent prêt à exploiter toutes les failles de l’adversaire, comme on l’a encore vu dans la destruction des forces blindées russes qui devaient repousser les Ukrainiens hors de leur tête de pont sur la rive gauche du Dniepr, direction Zaporizhzhie en ligne droite.