Je débarque en Lituanie le jour de mon anniversaire. Le bus qui nous conduit vers le centre -ville s’arrête pour faire monter les usagers. Là, sur le trottoir, une créature irréelle aux cheveux blonds cendrés avec des jambes comme des colonnes grecques. Nos regards se croisent. Elle se plante à côté de moi. Les yeux des garçons dans le bus se fixent intensément sur elle. Elle doit avoir leur âge et je m’attends à ce que l’un d’un eux l’aborde car tous la dévorent du regard. Elle est naturelle , en plus pas maquillée, “ eau et savon “ comme disent les italiens, assurément les plus cotés auprès des femmes. Je vois en elle la jeune femme sans tenir compte de l’âge qu’elle peut avoir. Elle s’éloigne de moi pour aller s’asseoir. Nul homme ne peut rester insensible à tant de beauté. Je pense que l’un des garçons dans le bus va aller s’asseoir près d’elle quand soudain elle se lève et vient près de moi. Tout le monde nous fixe quand je la branche. L’audace a fait le roi ! Ils ont 20 ans et ont déjà renoncé à la fougue de leur jeunesse. Je lui demande si elle est allée en Vacances sur la Baltique. Elle me dit qu’elle vient de passer 15 jours de congés à Klaipeda et qu’elle allait à la plage à Palanga, une station balnéaire bondée de lituaniens en juillet. Mon regard est noyé dans le sien et jamais auparavant je n’ai ressenti pareille sensation de bien-être. Avant l’arrêt du centre commercial de Kaunas, elle s’apprête à descendre quand je m’aperçois que j’ai oublié de lui demander son prénom. Elle prononce quelque chose comme Helenia. Sur le point de descendre, elle arrête de jouer la femme fatale et revient soudain à la réalité lorsqu’elle m’indique que la gare se trouve à l’arrêt suivant sur le ton d’une jeune femme effarouchée qui vient de se rendre compte de notre différence d’âge. En Russie, elle m’aurait dit : « tu viens avec moi ? »