Sicut cervus : ça change d’Aya Nakamura
1er avril 17:07, par ProtégeonslaPalestineCeux qui hurlent un peu vite au racisme gagneraient à se demander pourquoi la reprise de La Marseillaise par la très noire et très américaine JESSE NORMAN, avait suscité un torrent d’éloges, tandis que l’idée d’une reprise d’Edith Piaf par Aya Nakamura fait grincer des dents.
La première Noire n’était même pas francophone, mais l’effort, cœur à l’ouvrage, et le respect qu’elle mettait à chanter notre langue phonétiquement difficile, tout habillée de notre drapeau, avec un vibrato d’opéra, avaient charmé toute la France.
35 ans plus tard, la France ne s’est pas réveillée raciste, cessons c genre de raccourci : beaucoup émettent l’inquiétude légitime que Aya Nakamura, qui, bien que francophone, glorifie l’indigence lexicale en chantant en onomatopées, en verlan, et selon le code gestuel et vestimentaire de la banlieue retourneuse de voitures au Nouvel An, ne déconstruise la poésie musicale et textuelle de la chanson de Piaf.
Lorsque CHIMÈNE BADI enregistre un album exclusivement dédié aux reprises de Piaf, personne en France n’est venu lui rappeler qu’elle est algérienne amazigh avec un arrière arrière grand parent noir de Mauritanie. Chimène Badi a une diction exquise et désuète du français chanté qui, combinée à son élégance naturelle, lui permettent de remplir l’olympia.
Conclusion : Une artiste caricaturalement urbaine, contemporaine, insta-rappeuse, et amatrice de borborygmes, saura t-elle faire honneur à un répertoire de facture classique qui fait partie du patrimoine national français ? Voilà la seule question que je me pose. Elle peut venir avec un vitiligo, peu m’importe. La couleur est accessoire ; l’interprétation sera essentielle : nous redoutons simplement une hybridation trop hardie de styles.
Moralité : si l’inscription de Chalghoumi au concours annuel d’éloquence n’avait pas créé un précédent traumatique, l’idée que Aya chante Piaf, ne susciterait aucune méfiance.